Alors que des bateaux de migrants coulent régulièrement au large des côtes de la Méditerranée et que leurs corps sont régulièrement retrouvés échoués sur les plages, la chaîne RTL-TVI a diffusé un sujet traitant de ce drame humanitaire sous un autre angle, le tenant pour cause des «vacances gâchées» de touristes belges. Une enquête a été ouverte.
Le Conseil supérieur de l’audiovisuel de Belgique a ouvert une enquête sur un reportage de la chaîne RTL-TVI diffusé le 12 juillet. Ce dernier traitait des «vacances gâchées» de touristes belges en Tunisie en raison de corps de migrants échoués sur les plages.
«Un début de vacances raté pour Charlotte. La Liégeoise venait d’arriver à Zarzis, en Tunisie, et elle a découvert un cadavre sur la plage», est-il annoncé dès l’introduction, celle-ci étant suivie par un témoignage par téléphone de la sœur de Charlotte.
Aide psychologique proposée aux touristes
Le sujet fait état de huit touristes belges qui se sont plaints et ont demandé à être changés d’hôtel.
Contacté par la chaîne, une porte-parole d’un tour-opérateur a expliqué avoir accédé à de telles demandes et proposé «une aide psychologique» aux vacanciers choqués.
Une vague de critiques
Ce documentaire a été considéré par de nombreux téléspectateurs et internautes comme portant atteinte à la dignité des migrants.
Le CSA a, de son côté, indiqué avoir reçu «de nombreuses plaintes» dénonçant «une potentielle atteinte à la dignité humaine des personnes migrantes». Ces plaintes «questionnent également le traitement de l’information dans la séquence, qui aurait pour effet de déshumaniser ces personnes», a poursuivi le gendarme de l’audiovisuel belge francophone.
En outre, un psychologue belge a publié sur le site de l’hebdomadaire Le Vif une tribune intitulée «Ces migrants qui gâchent nos vacances: l’indécence à son comble», soutenue par plus de 800 cosignataires.
«Dans cette séquence, l’indécence et l’inhumanité prédominent. Plutôt que de s’attarder sur l’essentiel – des vies humaines ont été arrachées au cours d’une tragédie en mer -, tout est pensé pour focaliser l’attention des téléspectateurs sur la réaction d’une touriste belge parce que les corps ont échoué précisément sur la plage où elle passait ses vacances», dit-on dans la tribune.
De plus, «un dossier d’instruction» a été ouvert conjointement avec le Conseil de déontologie journalistique (CDJ), lequel doit rendre un avis dans un délai de 90 jours.