Après la perte des mairies de villes-clés face à l’opposition cette année, le président turc Recep Tayyip Erdogan est confronté à un nouveau défi, posé cette fois par d’anciens alliés qui envisagent de créer des partis dissidents.
L’union sacrée autour de M. Erdogan au sein de son parti islamo-conservateur, l’AKP, semble en effet se fissurer, comme l’illustrent les sorties sans précédent de l’ex Premier ministre Ahmet Davutoglu et l’ancien ministre de l’Economie Ali Babacan. Tous deux ont critiqué ces dernières semaines l’orientation prise par la Turquie sous sa direction.
Ces prises de parole ont donné du crédit aux rumeurs qui ne cessent d’enfler sur les velléités de ces deux ex-lieutenants de M. Erdogan de créer leurs propres partis pour défier l’AKP, au pouvoir depuis 17 ans.
M. Babacan a dégainé le premier le 8 juillet.
Cette figure très respectée des milieux économiques, crédité des succès économiques de l’AKP pendant sa première décennie au pouvoir, a démissionné du parti, lui reprochant d’avoir sacrifié ses « valeurs » et évoquant le besoin d' »une vision neuve » pour le pays.
Avec une inflation à 15,7 %, une contraction de 2,6 % au premier trimestre 2019, un chômage à 13 % et une monnaie affaiblie, M. Babacan est vu par de nombreux Turcs comme l’homme capable de remédier aux problèmes du pays et d’incarner une alternative à M. Erdogan, dont le mandat actuel s’achève en 2023.
Dix jours plus tard, M. Davutoglu s’est départi de son habituelle discrétion pour accorder une interview de plus de trois heures diffusée sur les réseaux sociaux au cours de laquelle il a laissé entendre qu’il était lui aussi prêt à créer un nouveau parti.