Migrants en Méditerranée : 14 pays européens d’accord sur un « mécanisme de solidarité »

Quatorze pays européens ont donné leur accord, dont huit « de manière active », pour mettre en œuvre un « mécanisme de solidarité » visant à se répartir les migrants secourus en Méditerranée, a annoncé lundi Emmanuel Macron.

« Sur le principe, 14 États-membres à ce stade ont donné leur accord sur le document franco-allemand. Parmi ces 14, huit ont, de manière active, acté de leur participation », a déclaré le président après avoir reçu à l’Élysée le Haut-Commissaire de l’ONU pour les réfugiés (HCR) Filippo Grandi et le directeur général de l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) Manuel de Carvalho Ferreira Vitorino.

Les huit pays « actifs » sont la France, l’Allemagne, le Portugal, le Luxembourg, la Finlande, la Lituanie, la Croatie et l’Irlande, a indiqué l’Élysée, sans préciser le nom des six autres.

L’accord a été conclu lundi matin au cours d’une réunion de travail sur « les migrations en Méditerranée » qui s’est tenue à Paris avec des représentants de l’ensemble des pays européens, sous l’égide des ministres de l’Intérieur, Christophe Castaner, et des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian.

Le ministre de l’Intérieur italien, Matteo Salvini, a qualifié de « flop » cette réunion qui a, selon lui, « réaffirmé que l’Italie devrait continuer à être le camp de réfugiés de l’Europe ».

L’objectif de cette réunion était, selon une source proche du dossier, « de trouver en septembre à Malte un accord avec une dizaine de pays, entre 12 et 15, sur un mécanisme permettant d’assurer plus d’efficacité et plus d’humanisme dans les débarquements de migrants en Méditerranée ».

Sous l’impulsion de Paris et de Berlin, les ministres ont planché sur une « coalition de (pays) volontaires » qui s’engageraient à systématiquement se répartir l’accueil des personnes secourues, sans avoir à engager de pénibles négociations après chaque sauvetage.

Ce mécanisme prévoit de répartir « aussi vite que possible » les personnes demandant l’asile dans les pays faisant partie de la « coalition de volontaires », en échange d’une ouverture de leurs ports par l’Italie et Malte.

« Nous avons consolidé le mécanisme de répartition à court terme, mais nous souhaitons aller plus loin (…) en responsabilisant l’ensemble des pays-membres, les structures communautaires qui existent » et en améliorant « l’efficacité de nos politiques de retour (des migrants) volontaire ou contraint vers les pays d’origine », a résumé Emmanuel Macron.

Il s’agit, selon l’Élysée, « d’accélérer le retour » pour ceux qui « n’ont pas vocation à l’asile ».

Emmanuel Macron a exprimé l’espoir que « l’ensemble des pays-membres participent » au programme, qu’il a de nouveau lié à l’octroi d’une partie des fonds structurels de l’UE. « L’Europe n’est pas à la carte lorsqu’il s’agit de la solidarité », a-t-il averti.

Le patron du HCR, Filippo Grandi, a salué l’avancée réalisée tout en se déclarant « inquiet » de la diminution de « la capacité de sauvetage » des migrants tentant la traversée de la Méditerranée centrale.

Le ministre de l’Intérieur italien, Matteo Salvini a réaffirmé son opposition à cet accord. « J’avais déjà dit non à mon homologue Castaner à Helsinki la semaine dernière. Je le répète aujourd’hui, après que les sommets français et allemand à Paris se sont révélés être un échec », a-t-il déclaré dans un communiqué. « L’Italie ne reçoit pas d’ordres », a-t-il martelé, ajoutant: « Si Macron veut discuter des immigrés, venez aussi à Rome ».

L’absence de « partage du fardeau » de l’accueil est l’un des principaux arguments de l’Italie pour expliquer la fermeture de ses ports.

En promettant d’emblée une répartition, l’objectif est de mettre fin aux bras de fer à répétition, notamment avec Rome, et de « ne laisser monter le populisme nulle part », selon le président français.

Des ONG comme SOS-Méditerranée et Médecins sans frontières ont souligné de nouveau le « besoin de solidarité » pour ne pas laisser la « responsabilité de débarquer les migrants à l’Italie et à Malte ». « On ne peut pas attendre que tout le monde soit d’accord, il y a urgence en Méditerranée centrale », a lancé Sophie Beau, directrice générale de SOS-Méditerranée.

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