Nicolas Hulot appelle les députés à ne pas voter pour le texte sur l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada qui doit être ratifié le 23 juillet par l’Assemblée nationale. Selon l’ancien ministre de la Transition écologique, il faut faire «enfin preuve de cohérence».
À la veille du vote sur le traité de libre-échange entre l’UE et le Canada (CETA), à l’Assemblée nationale, le président d’honneur de la Fondation Nicolas Hulot pour la nature et l’Homme diffuse sur le site de Franceinfo une lettre ouverte, dans laquelle il demande aux députés de ne pas ratifier le traité.
«Demain, comme le voudraient tant de Français, ayez le courage de dire non. Faisons enfin preuve de cohérence », lance Nicolas Hulot au début de sa lettre ouverte aux élus, ce 22 juillet au matin.
«Le plan d’action, que j’ai moi-même endossé à l’automne 2017, n’a pas produit les résultats escomptés et les attentes légitimes n’ont pas été comblées», constate l’ex-ministre.
Selon lui, les «garanties nécessaires sur le veto climatique, les farines animales, les nouveaux OGM, la sauvegarde du principe de précaution à l’européenne» n’ont pas été apportées. «Nous avons échoué à réformer la politique commerciale européenne».
«Pourtant ces accords commerciaux de nouvelle génération, le CETA étant le premier d’entre eux, emportent toutes nos batailles et leurs conséquences dépassent largement nos frontières. Le gouvernement a dû finalement reconnaître que les normes qui s’appliquent sur le sol européen et celles qui s’appliquent à l’importation ne sont pas les mêmes en matière sanitaires et phytosanitaires».Essayant d’alerter sur les risques sanitaires et environnementaux d’un tel traité, Nicolas Hulot rappelle que «la Commission européenne a commencé à relever nos limites maximales de résidus (LMR) autorisés pour certaines substances et produits. En les multipliant par 10 par exemple pour la clothianidine, un pesticide néonicotinoïde interdit en Europe, utilisé au Canada sur les pommes de terre».
«La convergence vers le haut a du plomb dans l’aile. Il suffit de visionner les comptes rendus succincts des comités de suivi du CETA pour constater que si le Canada est à l’offensive quant à la rigueur de nos normes, l’Union européenne ne montre aucune volonté de questionner l’utilisation par le Canada de 46 substances interdites en Europe».
Et de s’interroger: «En réalité, au-delà des éléments de langage, qui sait vraiment pourquoi il faut ratifier absolument et maintenant le CETA? Demain, comme le voudraient tant de Français, ayez le courage de dire non. Faisons enfin preuve de cohérence».
Approuvé en février 2017 par le Parlement européen, l’accord commercial entre l’Union européenne et le Canada doit être approuvé par les 38 assemblées nationales et régionales d’Europe. L’Espagne et le Royaume-Uni l’ont déjà ratifié, mais l’Allemagne et l’Italie n’ont pas encore accordé formellement leur feu vert, rappelle l’AFP.Concrètement, le CETA, qui concerne au total 510 millions d’Européens et 35 millions de Canadiens, supprime les droits de douanes sur 98% des produits échangés entre les deux zones, élargit certains services à la concurrence et renforce la coopération en matière réglementaire.
Il permet aussi la reconnaissance de 143 produits d’origine géographique protégée (AOP) au Canada, dont l’agriculture gagne à l’inverse un accès accru au marché européen. «C’est la reconnaissance de notre modèle agricole français et européen», s’est félicité M.Lemoyne.