Après le refus du négociateur de l’Union européenne opposé à la demande du Premier ministre britannique Boris Johnson d’élaborer un nouvel accord de Brexit sans la disposition controversée du « filet de sécurité », voici les scénarios possibles.
L’UE cède à Boris Johnson
Les dirigeants de l’UE acceptent finalement un nouvel accord de retrait sans le fameux « filet de sécurité » destiné à éviter le retour de contrôles à la frontière entre la province britannique d’Irlande du Nord et sa voisine la République d’Irlande après le Brexit.
Ce scénario, qui permettrait d’éviter les conséquences économiques redoutées d’un divorce brutal, semble toutefois peu probable. Les dirigeants de l’UE ont en effet répété qu’ils ne comptaient pas rouvrir l’accord de Brexit conclu après d’âpres discussions. Le négociateur de l’UE Michel Barnier a jugé jeudi « inacceptable » la proposition de Boris Johnson d’éliminer le filet de sécurité.
En accordant de trop grandes concessions au Royaume-Uni, les dirigeants de l’UE risqueraient par ailleurs de créer un précédent pouvant tenter d’autres eurosceptiques du continent, ce qu’ils cherchent à éviter.
Brexit sans accord
Les deux camps ne trouvent pas d’entente et le Royaume-Uni sort de l’UE sans accord de retrait, un scénario auquel Boris Johnson se dit prêt: il affirme vouloir quitter l’UE coûte que coûte le 31 octobre, échéance du Brexit déjà deux fois repoussée.
« Le Royaume-Uni est mieux préparé à cette situation que beaucoup ne le pensent », a affirmé jeudi M. Johnson, qui souhaite cependant accélérer le rythme des préparatifs. Il a demandé à Michael Gove, son bras droit au gouvernement, de faire de la préparation du « no deal » sa « priorité absolue ».
Une « absence d’accord ne sera jamais le choix de l’UE, mais nous devons tous être prêts pour tous les scénarios », a assuré de son côté Michel Barnier.
Le Parlement britannique est toutefois majoritairement hostile à une sortie sans accord. Pour imposer ce « no deal », Boris Johnson pourrait décider de suspendre le Parlement, empêchant les députés de se prononcer. Une telle initiative risquerait toutefois de susciter une crise politique.
Se pose dans ce scénario la question du versement des 39 milliards de livres (45,5 milliards d’euros) que Londres est censé régler à l’UE pour solder ses engagements avec ses partenaires au moment de son départ. En cas de « no deal », cette somme serait « disponible » pour « aider à gérer d’éventuelles conséquences » liées à cette sortie brutale, a affirmé M. Johnson. Il s’exposerait alors à des représailles. Début juin, l’entourage du président français Emmanuel Macron avait prévenu que « ne pas honorer ses obligations de paiement, c’est un non-respect d’engagement international équivalent à un défaut sur sa dette souveraine, avec les conséquences que l’on connaît ».
Second référendum ou élections anticipées
Jeremy Corbyn, le chef du Labour, le principal parti d’opposition, souhaite que les Britanniques puissent s’exprimer dans le cadre d’un « vote public » sur le Brexit ou lors d’élections législatives anticipées.
Un tel scrutin pourrait être organisé à la suite du vote d’une motion de censure contre le gouvernement déposée par le Labour, qui dit attendre le meilleur moment pour le faire. Les vacances parlementaires ayant débuté jeudi soir, l’opposition ne pourra lancer une telle motion avant la reprise, début septembre.
Des élections pourraient aussi être convoquées par Boris Johnson dans l’espoir de renforcer sa majorité, qui n’est actuellement que de deux voix, grâce au soutien de son allié, le petit parti unioniste nord-irlandais DUP. Certains commentateurs politiques notaient que son gouvernement a des airs d’équipe de campagne.
John Curtice, professeur en politique à l’université de Strathclyde, a cependant estimé que ce serait une « terrible erreur pour les Tories » de convoquer ces élections, dans une analyse publiée sur le site du quotidien conservateur The Telegraph, soulignant que les conservateurs atteignent à peine 25% des intentions de vote selon de récents sondages.