Les musulmans congolais seront les grands absents au pèlerinage de cette année à La Mecque, rapporte LePoint.
Ainsi en a décidé le ministère du pèlerinage de l’Arabie saoudite en raison de l’épidémie Ebola qui sévit depuis un an dans l’est du pays, informe le Comico, qui représente la communauté islamique dans le pays.
Pas de visa pour les pèlerins venant de la RDC
« Je suis au regret d’annoncer aux centaines de musulmans, Congolais et étrangers, habitant la RDC qui voulaient se rendre à La Mecque pour le pèlerinage que les autorités saoudiennes ont signifié qu’aucun visa ne serait délivré à toute personne qui viendrait de la RDC », a déclaré à l’AFP Cheick Ali Mwinyi, chef de la communauté islamique en RDC.
« Dans une lettre, le ministre des Affaires religieuses nous a expliqué qu’il ne peut prendre de risque de contamination de plusieurs millions de personnes qui effectueront le déplacement à La Mecque et retourneront dans leurs pays respectifs », a-t-il ajouté. « Je suis peiné par cette mesure, mais j’accepte cette décision parce qu’en cette matière aucun risque ne peut être accepté. C’est de la responsabilité des musulmans vivant en RDC de protéger tous nos frères », a-t-il expliqué.
Les craintes des autorités saoudiennes
Lors d’une épidémie, Ebola se transmet entre humains par contacts directs. Une personne saine est contaminée par les « fluides corporels » d’une personne malade : sang, vomissures, matières fécales… Contrairement à la grippe, ce virus ne peut pas se transmettre par voie aérienne. Aussi Ebola est-il moins contagieux que de nombreuses autres maladies virales.
« La Mecque, au pèlerinage, ce sont plus de 3 millions de personnes qui se réunissent. Les gens qui dorment à ciel ouvert. On a une série de rites qui se font parfois torse nu », rappelle sur la radio nationale Top Congo FM l’iman Djuma Twara, qui n’est autre que le secrétaire général du comité transitoire de la Communauté islamique au Congo. « Celui qui n’est pas parti cette année partira l’année prochaine. Celui qui avait déjà cette intention sera récompensé à la même hauteur » que celui qui s’y est rendu, a encore confié l’imam. Le pèlerinage est le 5e pilier de l’islam, « celui qui le remplit normalement aura la récompense de pardon de tous ses péchés. Après le rite de pèlerinage, on sera comme un enfant qui vient de naître. C’est le grand avantage d’aller au pèlerinage. Tous vos péchés sont pardonnés », précise l’imam Djuma Twara. Ce dernier rappelle : « Le rite de pèlerinage a commencé à partir d’Adam. Abraham a fait le pèlerinage. Si vous suivez le parcours de Moïse, pour quitter l’Égypte pour Israël, ils sont passés par le pèlerinage. Même Jésus, quand sa maman a quitté Jérusalem pour venir en Égypte, c’était pour accomplir ce pèlerinage. Donc c’est un site où tous les prophètes envoyés par Dieu sont passés. C’est un site historique visité par tous les prophètes envoyé par Allah. »
La Mecque est « une des villes saintes de l’Arabie saoudite. Parmi les rites, il faut faire le tour de la maison sainte et aller à la montagne pour demander le pardon de Dieu ». Mi-juillet, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a élevé la dixième épidémie d’Ebola en RDC au rang d’« urgence de santé publique de portée internationale », un statut réservé aux épidémies les plus graves.
Le pays sur le front de la riposte
Cette épidémie, qui frappe actuellement la RDC et qui dure depuis août 2018, est la plus grave de l’histoire de la maladie depuis celle ayant touché l’Afrique de l’Ouest entre fin 2013 et 2016. Elle a tué plus de 1 700 personnes. La « maladie à virus Ebola » (auparavant nommée « fièvre hémorragique à virus Ebola ») tient son nom de la rivière Ebola, située dans le nord de la République démocratique du Congo (RDC, à l’époque Zaïre), où le virus a été repéré pour la première fois en 1976.
La Banque mondiale a annoncé mercredi l’octroi d’une aide pouvant aller « jusqu’à 300 millions de dollars » dans le cadre de la lutte mondiale contre l’épidémie d’Ebola qui sévit en République démocratique du Congo. En fin de semaine dernière et après le limogeage du ministre de la Santé, le Dr Oly Ilunga, le président Tshisekedi a nommé une équipe d’experts dirigée par le Dr Jean-Jacques Muyembe, le directeur de l’Institut congolais de la recherche biomédicale de Kinshasa (INRB), pour assurer la « conduite » de la riposte contre Ebola en RDC sous sa « supervision ». En majorité chrétienne, la communauté islamique en RDC revendique 10 % de l’ensemble de la population congolaise, estimée à 80 millions d’habitants comme pratiquants de la religion musulmane.