Un juge a ordonné ce mardi la remise en liberté sans mesures de contrôle judiciaire du mathématicien Tuna Altinel, enseignant à Lyon (centre-est de la France), jugé en Turquie pour «appartenance à une organisation terroriste», selon un journaliste de l’AFP présent au tribunal.
La décision du juge a été accueillie par des cris de joie et des applaudissements d’une centaine de soutiens de Tuna Altinel, qui comptaient se rendre dans la soirée devant la prison de Balikesir (ouest de la Turquie) où il est détenu pour assister à sa remise en liberté.
Détenu depuis 81 jours, le mathématicien, maître de conférences à l’Université Claude-Bernard Lyon 1, est poursuivi en raison de sa participation à une réunion en France d’une amicale kurde accusée par les autorités turques d’être liée au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), une groupe armé qui livre une guérilla contre l’Etat turc depuis 1984. La prochaine audience de son procès aura lieu le 19 novembre.
Son avocate, Meriç Eyüboglu, a précisé à l’AFP qu’une demande sera faite pour que le passeport de Tuna Altinel lui soit rendu au plus vite. «Nous sommes heureux de cette décision, cependant nous renouvelons notre question: « Pourquoi a-t-il été emprisonné pendant 81 jours de façon totalement arbitraire? » 81 jours de sa vie lui ont été volés», a-t-elle déploré.
Tuna Altinel a été arrêté en mai alors qu’il se trouvait en Turquie pour ses congés. Le gouvernement français avait alors exprimé sa «préoccupation». Le consul général de France à Istanbul, Bertrand Buchwalter, était présent à l’audience mardi, ainsi qu’une délégation de collègues universitaires venus de France. Au cours de l’audience, le mathématicien de 53 ans, souriant derrière ses lunettes carrées et vêtu d’une chemise blanche, a rejeté les accusations portées contre lui, demandant à être acquitté.
«Monsieur le juge, je ne suis membre d’aucune organisation terroriste, la seule raison pour laquelle je suis écroué depuis bientôt trois mois, c’est d’avoir aidé à organiser une réunion légale d’une association légale», a-t-il déclaré. Il est par ailleurs poursuivi dans le cadre d’un autre procès pour avoir fait de la «propagande terroriste» en signant en 2016, comme plus de 2000 autres universitaires turcs, une pétition demandant l’arrêt des opérations des forces de sécurité dans le sud-est de la Turquie. La prochaine audience de ce procès aura lieu le 26 décembre.