Corruption des juges et parlementaires : le Conseil de l’Europe tance la Hongrie

Les actions menées par les autorités hongroises pour lutter contre la corruption des parlementaire et des magistrats restent «inappropriées», a averti le Conseil de l’Europe, dans un rapport très critique de son organe spécialisé rendu public ce jeudi.

Dans ce rapport, le Groupe d’Etats contre la corruption (Greco) souligne que seules cinq des 18 recommandations qu’il avait formulées il y a quatre ans sur ce thème ont été mises en oeuvre de façon satisfaisante et insiste sur la «nécessité de prendre des mesures énergiques en vue de réaliser dès que possible des progrès concrets».

Le Greco appelle notamment Budapest à introduire des règles organisant les interactions des parlementaires avec les lobbyistes, à mettre en place une obligation de déclaration de leurs conflits d’intérêts, à adopter un modèle type pour leurs déclarations de patrimoine et à diminuer le périmètre de l’immunité parlementaire. Dans le domaine judiciaire, le Greco avait recommandé de donner un rôle plus important au Conseil national de la justice (CNJ) dans la nomination et la promotion des magistrats mais note avec préoccupation «les allégations de pressions sur les membres du CNJ et les contestations qui auraient été soulevées quant à sa légitimité».

L’organe anticorruption avait également demandé que l’immunité dont jouissent les juges ordinaires et les procureurs hongrois «soit limitée aux activités relevant de l’administration de la justice», des recommandations non suivies d’effet. «Le seul domaine où des progrès ont été réalisés est celui des procédures disciplinaires à l’encontre des procureurs», afin d’en améliorer la transparence, souligne le Greco. Toutefois, «il semblerait que les procédures disciplinaires ne soient toujours pas traitées en dehors de la structure hiérarchique directe», tempère-t-il.

Le Greco est l’organe du Conseil de l’Europe qui veille, par un système d’évaluation et de pressions, au respect par les Etats membres de ses normes anticorruption. Il regroupe les 47 Etats du Conseil de l’Europe, ainsi que le Bélarus et les Etats-Unis.