Séoul et Washington ont donné lundi le coup d’envoi d’exercices militaires annuels, en dépit des mises en garde de Pyongyang selon lesquelles ces manoeuvres risquent de faire capoter les négociations sur le nucléaire.
Ils interviennent alors que la Corée du Nord a récemment multiplié les tirs de projectiles de courte portée, en parlant notamment d’un « avertissement solennel aux militaires bellicistes sud-coréens » qui persistent dans leur volonté de mener les exercices conjoints.
Le ministre sud-coréen de la Défense Jeong Kyeong-doo a déclaré au Parlement que ces manoeuvres avaient débuté lundi, en ajoutant que Séoul maintenait « clairement son niveau de préparation contre toute attaque militaire de la Corée du Nord ».
Peu de précisions ont été données sur la nature de ces exercices, mais un responsable ministériel sud-coréen a indiqué qu’ils visaient à vérifier les capacités de Séoul à reprendre le contrôle opérationnel en temps de guerre.
Conformément au traité de sécurité signé entre Séoul et Washington, c’est un général américain qui est censé prendre les commandes des forces conjointes en cas de guerre. Le Sud cherche de longue date à ce que cette place soit occupée par un de ses généraux.
Les experts estiment que le regain d’activités militaires au Nord comme au Sud de la Zone démilitarisée (DMZ) qui divise la péninsule pourrait différer pendant plusieurs mois les négociations sur les programmes nucléaire et balistique de Pyongyang, qui sont développés en violation de nombreuses résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU.
Après des années de montée des tensions, la péninsule a été en 2018 le théâtre d’une remarquable détente, qui a permis depuis un an trois rencontres au sommet entre le président américain Donald Trump le leader nord-coréen Kim Jong Un.
Lors de leur première entrevue, à Singapour, les deux hommes avaient signé un engagement vague en faveur de la « dénucléarisation de la péninsule coréenne ».
Leur deuxième sommet, en février à Hanoï, avait été écourté en raison de désaccords quant à l’allègement des sanctions contre le Nord et aux mesures que Pyongyang devait prendre en contrepartie.
Mais lors de leur rencontre impromptue en juin dans la DMZ, les deux hommes sont convenus de reprendre le dialogue. Les discussions de travail n’ont cependant toujours pas repris.
Environ 28.500 soldats américains sont déployés en Corée du Sud. Et les exercices annuels qu’ils mènent avec des dizaines de milliers de soldats sud-coréens ne manquent jamais d’irriter Pyongyang, qui les considère comme la répétition générale d’une invasion de son territoire.
Après le sommet de Singapour en juin 2018, Donald Trump avait annoncé la suspension des manoeuvres qualifiées de « très provocatrices », reprenant à son compte la rhétorique nord-coréenne.
Et les exercices Ulchi Freedom Guardian (UFG), prévus en août 2018, avaient été annulés.
Cette année, les plus grands exercices annuels, Foal Eagle et Key Resolve, qui se déroulent normalement au printemps, ont été remplacés par des manoeuvres plus petites en mars, appelées officiellement « Dong Maeng » ou « Alliance ».
L’agence Yonhap a rapporté il y a quelques mois que l’ampleur des exercices militaires d’août avait été réduite.
La semaine dernière, la Corée du Nord avait affirmé que les prochaines négociations pourraient être compromises si les exercices militaires étaient maintenus.
Et vendredi, Pyongyang a réalisé un nouvel essai d’armes, le troisième en huit jours, en le présentant comme un « système de lancement multiple de fusées guidées de gros calibre ».
La présidence sud-coréenne a jugé hautement probable qu’il s’agisse d’un « nouveau type de missile balistique de courte portée ».
« Les exercices n’auraient peut-être pas eu lieu aujourd’hui s’il y avait eu des progrès concrets dans les négociations entre Pyongyang et Washington sur le nucléaire, vu qu’ils ont été suspendus l’an passé », a déclaré à l’AFP Ahn Chan-il, un transfuge nord-coréen devenu chercheur à Séoul.
Donald Trump a assuré vendredi que Kim Jong Un n’avait pas violé leur engagement en effectuant ces essais d’armes, soulignant qu’il aurait « trop à perdre » s’il rompait leur lien de confiance mutuelle.
Lien