Le détective Josef Resch demande à certains pays de rendre publiques l’enquête sur le Mh17

Le détective allemand Josef Resch, qui a mené une enquête privée sur la catastrophe du Boeing malaisien dans le Donbass en 2014, a déclaré qu’il pourrait proposer à la Russie, à la Malaisie et à d’autres pays de rendre publiques les informations qu’il a recueillies sur cette tragédie.

Josef Resch a déclaré qu’il pourrait dévoiler les infos sur les causes de la tragédie, les noms des responsables, ainsi que les données satellitaires américaines à sa disposition si l’enquête internationale menée par le parquet néerlandais ne réagissait pas à sa demande réitérée de recevoir ces preuves.

Pas de noms pour l’instant

Le détective allemand Josef Resch a déjà essayé de transmettre aux Pays-Bas, dont le parquet dirige le Groupe d’enquête conjoint (JIT), de nouvelles informations sur la catastrophe du MH17 qui n’avaient pas été prises en compte lors des dernières déclarations du JIT en juin. Il s’était vu opposer un refus car il avait posé pour condition de dévoiler les preuves en présence des médias.

«Je vais écrire une nouvelle fois au JIT avec mon avocat, cela sera diffusé au niveau international, et nous verrons la réaction. Je ne peux pas forcer quelqu’un du JIT ou d’ailleurs d’accepter ces preuves… Mais si le JIT n’acceptait pas les preuves, cela sera fait publiquement avec la Malaisie, la Russie et tout État impliqué et qui voudrait y participer… Cela sera rendu public avec tout État qui y participera», a déclaré Josef Resch.

Au sujet des individus concrets responsables de la catastrophe, il a noté qu’«en rendant public tout sera présenté, qui c’était… avec des noms». Mais il refuse de les dévoiler maintenant.

Les images des satellites américains

Le détective a déclaré qu’il voudrait impliquer dans l’analyse de ses preuves d’autres pays, notamment les Pays-Bas, l’Ukraine, la Malaisie, l’Australie, l’Allemagne, la Belgique et les États-Unis.

«Je dispose des images satellites que les États-Unis prétendent ne plus posséder. Elles seront également rendues publiques», a indiqué Josef Resch.

Et d’ajouter que ces images «jouent évidemment un rôle» dans l’investigation. Il souligne également la réaction incohérente du JIT à ce sujet, car auparavant «on entendait dire constamment que les images satellites étaient nécessaires, puis tout à coup ce n’est plus le cas, parce qu’apparemment cela n’aurait plus d’importance».

Prêt à témoigner à la CEDH

Selon le détective, le gouvernement allemand, même s’il affirme le contraire, a été informé de la dissimulation d’informations sur l’affaire du crash du vol MH17. Le nom du responsable de cette dissimulation est mentionné dans les preuves recueillies par le détective.

Josef Resch a déclaré dans une interview qu’il était prêt à témoigner à la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) pour les plaintes déposées par les proches des victimes du crash du MH17 dans le Donbass en juillet 2014, si un tel procès avait lieu.

Plus tôt, l’avocat allemand Elmar Giemulla avait déclaré qu’il avait l’intention de faire appel à Josef Resch sur l’affaire du MH17 à la CEDH si la cour recevait cette plainte. Cet avocat représente les intérêts des proches de quatre citoyens allemands tués dans la catastrophe aérienne.

Une «plaisanterie»

Josef Resch a également expliqué qu’il avait été interrogé en 2016 par le département fédéral de la police judiciaire à Cologne, et à la Cour fédérale de Karlsruhe avec la participation de la juge Renate Wimmer et du représentant du parquet Christian Ritscher.

«Il était flagrant que l’affaire s’écroulait, et ils [les représentants du parquet allemand, ndlr] ont dit à mon avocat: que monsieur Resch dise que c’était une plaisanterie, un gag, ils l’enverront aux Pays-Bas, tout le monde sera content et tout sera terminé», a déclaré le détective. D’après ce dernier, cette proposition l’a choqué parce qu’«on ne peut pas plaisanter avec la mort de 298 personnes».

«C’est alors que j’ai eu un doute: croyaient-ils eux-mêmes à ce qu’ils faisaient?», poursuit Josef Resch.

L’investigation de Resch

Josef Resch a enquêté sur le crash du vol MH17 à partir de 2014. La personne qui l’a engagé, dont il ne dévoile pas le nom à cause des conditions du contrat, proposait d’abord une récompense de 30 millions de dollars, puis de 17 millions de dollars supplémentaires pour les informations sur les raisons de la catastrophe. En été 2015, le détective a été contacté par un informateur qui lui a transmis des données importantes. Il a reçu pour cela 15,5 millions de dollars en liquide en trois devises différentes – en euros, en dollars et en francs suisses. Selon Josef Resch, il a reçu plusieurs menaces anonymes en raison de son enquête. De plus, son appartement a été perquisitionné, et son coffre contenant un document sur l’affaire MH17 à la banque suisse a été ouvert à la requête des Pays-Bas.

Le crash du vol MH17

Le Boeing malaisien en provenance d’Amsterdam et à destination de Kuala Lumpur s’est écrasé le 17 juillet 2014 dans les environs de Donetsk. 298 personnes se trouvaient à bord. Aucune n’a survécu. Kiev en a accusé les insurgés, mais ces derniers ont déclaré ne pas disposer de moyens permettant d’abattre un avion à une telle altitude. Le JIT, qui mène l’enquête sur les circonstances du crash sous la direction du parquet néerlandais et sans la participation de la Russie, a présenté plus tard des conclusions intermédiaires.

L’enquête affirme que le Boeing aurait été abattu par un système antiaérien Bouk appartenant à la 53e brigade antiaérienne russe de Koursk. Comme l’a déclaré le procureur général adjoint russe Nikolaï Vinnitchenko, les autorités russes ont remis aux Pays-Bas non seulement les données des radars, mais également la documentation attestant que le missile Bouk qui avait touché le Boeing appartenait à l’Ukraine, mais cette information a été ignorée par les enquêteurs.

Le ministère russe des Affaires étrangères a déclaré que les accusations du JIT concernant l’implication de la Russie dans le crash du Boeing malaisien étaient «infondées» et «regrettables», et que l’enquête était «préconçue et unilatérale». Plus tard, Vladimir Poutine a noté que la Russie n’avait pas été admise à participer à l’enquête sur le crash de l’avion dans l’Est de l’Ukraine, et que Moscou pourrait reconnaître les résultats de l’enquête seulement s’il y participait à part entière.

Tous les missiles dotés du moteur présenté par la commission néerlandaise chargée de l’enquête ont été recyclés après 2011, a indiqué le ministère russe de la Défense. Le porte-parole du chef de l’Etat russe Dmitri Peskov a déclaré à maintes reprises que la Russie rejetait fermement les accusations concernant son implication dans le crash du Boeing malaisien.

Les dernières conclusions en date du JIT

En juin 2019, l’enquête internationale sur le crash du vol MH17 a annoncé les noms de quatre suspects: les Russes Igor Guirkine, Sergueï Doubinski et Oleg Poulatov, et l’Ukrainien Leonid Khartchenko. L’enquête estime qu’ils sont impliqués dans le déploiement du Bouk dans le Donbass et dans la frappe contre le Boeing malaisien. Selon le représentant du JIT, ils seront inculpés pour meurtre et l’enquête délivrera un mandat d’arrêt international contre eux. Le JIT a ajouté que le procès sur le crash du MH17 commencerait aux Pays-Bas le 9 mars 2020.

La réaction de la Russie et de la Malaisie

Commentant les nouvelles déclarations de l’enquête internationale, le ministère russe des Affaires étrangères a de nouveau qualifié les accusations visant la Russie de «gratuites», en soulignant que le JIT n’avait pas fourni de preuves concrètes pour appuyer ces allégations. Le ministère a balayé les déclarations concernant le refus de la Russie de coopérer avec l’enquête sur l’affaire du MH17 en disant que Moscou contribuerait à l’enquête pour établir la vérité sur le crash et pour que les véritables coupables soient traduits en justice. Tout en soulignant que la Russie continuait de se poser des questions, et à raison, sur la qualité du travail du JIT.

Le Premier ministre malaisien Mahathir Mohammad a également remis en question les conclusions de l’enquête internationale, en déclarant que les États-Unis, les Pays-Bas et l’Australie ne souhaitaient pas déterminer les causes du crash et retrouver les vrais coupables de la tragédie, mais avaient tout simplement décidé que la Russie en était responsable.

Le film des journalistes néerlandais Max van der Werff et russe Iana Erlachova, cite l’interview du Premier ministre malaisien, ainsi que les avis des experts allemand et malaisien indiquant que le Service de sécurité ukrainien (SBU) avait modifié les enregistrements des communications présentés en tant que preuves dans l’affaire du crash du MH17 dans le Donbass.