Après son interpellation filmée dans un contexte tendu à Nantes, pendant laquelle un policier semble l’avoir étranglé, le protagoniste de la photo polémique témoigne de son hospitalisation. Selon lui, ce ne sont donc pas les gaz lacrymogènes qui sont à l’origine de sa perte de connaissance, contrairement à ce qu’affirme la police.
Après que le Service d’information et de communication de la police (Sicop) a justifié la violente interpellation d’un homme à Nantes par un jet de bouteille en verre contre l’un des fonctionnaires, la victime a livré à CheckNews de Libération sa version des faits.
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Cet homme âgé de 51 ans s’appelle Bruno Kaïk et vit à La Rochelle où il est traducteur-interprète en langue anglaise. Sans nier le fait d’avoir jeté une bouteille en verre contre un policier, il tient toutefois à préciser son geste:
«J’ai jeté cette bouteille en verre vide, alors que j’étais à une trentaine de mètres des policiers, dans leur direction. Effectivement, elle a éclaté devant les policiers, à quelques mètres d’eux, mais c’était plus symbolique qu’autre chose. Il n’y avait aucune intention de blesser. Dans tous les cas, leur réaction a été complètement disproportionnée».
Cause de l’hospitalisation
Si le Sicop a affirmé à CheckNews que l’homme avait été transporté à l’hôpital après son interpellation «parce qu’il était incommodé par les gaz lacrymogènes», Bruno Kaïk dénonce la violence des agents de la BAC, ainsi que des violences subies après la scène filmée:
«À l’abri des camions, où j’ai été traîné ensuite, j’ai reçu d’autres coups. J’ai été violemment strangulé jusqu’à l’étouffement par un membre de la BAC. Avant de m’évanouir et de rester inconscient pendant plusieurs minutes».
Le rapport d’observation médicale, remis au patient par le CHU de Nantes, que CheckNews a pu constater, mentionne aussi l’absence de «prise de toxiques», qui auraient pu être à l’origine d’une perte de conscience.
«Ce qui a conduit à mon inconscience, ce sont bel et bien les maltraitances policières», affirme-t-il.
Il entend porter plainte contre «toute la chaîne de commandement, de l’officier de la BAC jusqu’au président de la République, qui est le chef des armées et a autorisé ces dérives». «Je me présenterai devant eux avec toutes les pièces en main, avec mon avocat, pour porter l’affaire devant les tribunaux avant que tous ces gens qui violentent le peuple assument leur responsabilité».
Photo polémique
Une photo prise le 3 août à Nantes lors de la manifestation contre les violences policières, après la mort de Steve Maia Caniço, et représentant un policier qui semble étrangler un homme immobilisé au sol, a été postée dimanche sur Facebook par la photographe Bsaz. Des témoins de la scène dénoncent une violence policière sans motif.