La Russie a accusé ce vendredi l’ONU de lui fournir de «fausses données» sur des écoles et des hôpitaux qui auraient été bombardés dans la province syrienne d’Idleb par le régime syrien et son allié russe.
Quelque trois millions de personnes vivent dans cette région du nord-ouest de la Syrie, dernier bastion aux mains des djihadistes qui échappe encore au contrôle de Damas. Les bombardements menés quasi quotidiennement contre cette zone ont fait près de 800 morts parmi la population civile, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), et déplacé plus de 400.000 personnes, selon l’ONU.
Le mois dernier, la Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, Michelle Bachelet, a estimé que ces frappes visant des cibles civiles étaient apparemment intentionnelles.
Et le responsable humanitaire de l’ONU pour la Syrie, Panos Moumtzis, a affirmé jeudi à Genève qu’au cours des 100 derniers jours, son bureau avait confirmé des raids sur «39 établissements de santé, 50 écoles, points d’eau, marchés, boulangeries (et) plusieurs banlieues civiles».
L’ambassadeur russe auprès des Nations unies à Genève, Guennadi Gatilov, ancien vice-ministre des Affaires étrangères, a reproché à l’ONU de se baser sur de «fausses données» pour identifier les sites civils à Idleb. Il a affirmé que Moscou a demandé à ses militaires de vérifier chaque accusation de frappe contre des cibles civiles, mais qu’ils ont découvert que les indications fournies par «les agences humanitaires de l’ONU étaient fausses». «Elles disent que tel jour, une école ou un hôpital a été détruit dans telle région. Elles donnent des coordonnées. Notre personnel vérifie et constate qu’il n’y a pas d’hôpital à cet endroit, ni d’école, et que le jour indiqué par les agences humanitaires de l’ONU, l’aviation russe n’a pas mené de raid», a déclaré Guennadi Gatilov. Il a enjoint les agences de l’ONU de «vérifier l’information qu’elles reçoivent des ONG». «Elles ne le font pas et je ne sais pas pourquoi», a-t-il ajouté.
L’ONU craint que le régime du président syrien Bachar el-Assad lance prochainement une vaste offensive contre le groupe djihadiste Hayat Tahrir al-Cham (HTS, ex-branche syrienne d’Al-Qaïda), qui contrôle depuis janvier la majeure partie de la province d’Idleb et certaines zones des provinces voisines d’Alep, de Hama et de Lattaquié. La reprise des bombardements, après un bref cessez-le-feu, a provoqué une «panique totale» parmi la population, selon Panos Moumtzis, qui souligne que rien n’est prévu pour accueillir 3 millions de déplacés. Guennadi Gatilov a suggéré que la Turquie fasse le tri entre «terroristes» et civils à Idleb, comme elle s’y était engagée. «Une chose doit être bien comprise: la lutte contre le terrorisme ne doit jamais cesser», a-t-il dit. «Tous ces terroristes doivent soit être éliminés, soit être jugés».