Une centaine de milliers de femmes du monde rural ont participé mercredi à Brasilia, selon les organisateurs, à la traditionnelle « Marche des marguerites », qui a pris cette année la forme d’une protestation contre le président Jair Bolsonaro.
Cette « Marche des marguerites » a lieu tous les quatre ans en défense du monde paysan et des droits des femmes, dans un pays très affecté par les violences domestiques. Elle a aussi été l’occasion d’appels à la libération de l’ex-président Lula, emprisonné pour corruption.
Ces femmes ont protesté en matinée contre la politique gouvernementale d’extension de l’usage des pesticides et l’intention affirmée par Jair Bolsonaro d’autoriser l’exploration minière sur des terres indigènes ou dans des zones protégées.
Des femmes membres de tribus autochtones de tout le Brésil qui avaient manifesté la veille dans la capitale pour dénoncer les « politiques génocidaires » du président d’extrême droite se sont jointes à la marche mercredi.
Portant des pancartes « souveraineté du peuple », « Lula libre », ou réclamant un Brésil « débarrassé de la violence », les manifestantes ont défilé sur l’Esplanade des Ministères vers les abords du palais présidentiel du Planalto.
L’ex-président de gauche Luiz Inácio Lula da Silva (2003-2010), purge depuis avril 2018 une peine de prison de huit ans et 10 mois pour corruption et blanchiment d’argent.
La majorité des manifestantes portaient des fleurs, des chapeaux de paille et des vêtements violets, couleur symbolique de cette marche de protestation.
Dans des harangues, certaines ont dénoncé un Jair Bolsonaro « misogyne, raciste et homophobe ».
« Nous vivons des temps difficiles avec un gouvernement qui nous attaque en permanence (…). Nous perdons des droits conquis de haute lutte », a témoigné auprès de l’AFP Juliana Joucoski, une enseignante de 43 ans de Curitiba (sud).
« Les femmes sont au coeur de toute la violence au Brésil », a affirmé pour sa part Fabiana Nascimento, 42 ans, également enseignante, venue de l’Etat de Mananhao (nord-est), des marguerites en papier dans les mains.
« Il faut dire ‘non’ à toute politique qui détruit les droits » de la population, ajoute-t-elle, « la situation dans les campagnes a empiré (…) Non n’avons jamais eu un président aussi peu respectueux de l’éducation ».
Il s’agit de la troisième manifestation à Brasilia en deux jours, un mouvement de protestation ayant également eu lieu mardi dans la capitale contre les coupes budgétaires dans l’éducation et la réforme des retraites, parallèlement à la manifestation des femmes indigènes.