La frontière franco-espagnole « accueille » le contre-sommet G7

Quelques dizaines d’organisations et associations locales et internationales tiennent un « contre-sommet » du G7, marqué par une grande manifestation et des actions « d’occupation des places publiques ».

Ce ne sera probablement pas Gênes 2001, mais les anti-G7 ont bien l’intention de se faire entendre, alors que se tiendra à Biarritz, du 24 au 26 août, le sommet officiel réunissant les sept premières puissances économiques mondiales.

Dès le 19 août, les anti-G7 ont ainsi pris leurs quartiers à Urrugne, commune voisine d’Hendaye. Puis à Irun côté espagnol et Hendaye côté français, des conférences et ateliers se tiendront du 21 au 23 août à l’occasion du « sommet des alternatives », où 12 000 personnes sont attendues.

Le 24 août, premier jour du sommet, les « anti-G7″ prévoient une grande manifestation à Hendaye. Et le lendemain, ils entendent mener des actions d' »occupation des places publiques » autour de Biarritz, ville inaccessible car transformée en camp retranché avec une « mobilisation exceptionnelle » des forces de l’ordre, selon les autorités.

Ces anti-G7 regroupent deux plateformes : G7 Ez (Non au G7, en langue basque), implantée des deux côtés de la frontière, et Alternatives G7, qui réunit des organisations d’envergure nationale et internationale.

« Certaines de ces organisations ont un pied dans le sommet officiel, parce qu’il faut garder le contact avec ces gouvernements pour faire avancer des propositions, même si c’est à la virgule près, et un autre dans le contre-sommet car elles sont conscientes que les alternatives, aujourd’hui, vont venir des citoyens », explique Sébastien Bailleul, délégué général du Centre de recherche et d’information pour le développement (Crid).

On y retrouve notamment des organisations comme le CCFD-Terre Solidaire, le Crid ou encore Oxfam ou Attac, des structures qui ont « une culture collective des mobilisations citoyennes » selon Sébastien Bailleul. « On est très impliqué sur les contre-sommets, les forums sociaux mondiaux, selon trois axes de réflexion : les migrations, la justice climatique et, c’est plus récent, la criminalisation des mouvements contestataires et la répression (policière) », explique le délégué général du Crid.

Le thème directeur du G7 présidé par la France sera la lutte contre les inégalités. De son côté, les organisateurs du sommet des alternatives souligneront justement la responsabilité des pays membres du G7, selon eux, dans l’accroissement de ces inégalités.

« Emmanuel Macron, en présidant ce G7, se place comme un champion de la lutte contre les inégalités. Mais les mois qui viennent de s’écouler en France, les décisions fiscales notamment, montrent bien qu’entre le discours et les actes, il y a un fossé », a notamment affirmé Cécile Duflot, directrice générale d’Oxfam France et ancienne patronne d’Europe Écologie-Les Verts, lundi 19 août, sur France Inter.

La mise en lumière de la dichotomie entre les discours et les décisions concrètes prises par les dirigeants concernera aussi la question environnementale. « On va dénoncer l’inaction des gouvernements en matière de climat, et notamment celle d’Emmanuel Macron qui se prétend champion du climat mais qui est seulement le champion du discours sur le climat », assure Barthélémy Camedescasse, de l’association Bizi !.

Ce groupe local affilié à ANV-Cop21 a fait parler de lui cette année en décrochant des portraits d’Emmanuel Macron dans les mairies des Pyrénées-Atlantiques. Il profitera d’ailleurs de ce « sommet des alternatives » pour faire des formations à l’action non violente.

Cela signifie-t-il que l’opposition entre manifestants et forces de l’ordre se fera sans le moindre incident ? La présence autour du « contre-sommet » d’agitateurs issus de mouvances libertaires et au mode d’action violent type « Black Bloc », qui sont souvent au rendez-vous des grands sommets internationaux, est envisagée par les autorités. « On prévoit une bataille idéologique, la violence n’est pas inscrite dans notre programme, souligne Danielle Mesplé, du syndicat Solidaires. Mais si ça vient de groupes extérieurs, quel pouvoir avons-nous, qui peut la maîtriser ? »

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