Le Wall Street Journal a rapporté que les États-Unis étaient inquiets de voir le chinois Huawei s’emparer de parts du marché Internet de la 5G au Maroc. Le média marocain Le Desk a quant à lui indiqué que Washington «est prêt à tout», sanctions comme intéressements, pour empêcher le recours aux services de Huawei.
À l’instar de l’Algérie, de l’Ouganda et de la Zambie, le Maroc vient de faire l’objet d’un article publié par le quotidien américain Wall Street Journal (WSJ) et visant à faire disqualifier le géant des télécommunications chinois Huawei du futur marché de la 5G en raison de soupçons d’espionnage. Selon le journal, il s’agit d’une affaire de sécurité sur fond d’accusations contre la Chine de jouer un rôle croissant quant aux cyberattaques dans le monde. Auparavant, le WSJ avait accusé Huawei d’avoir fourni à l’Algérie, à l’Ouganda et à la Zambie des systèmes intelligents de vidéosurveillance, de cyber-surveillance et de cyber-espionnage pour contrôler les figures de l’opposition politique.
«Nous partageons nos préoccupations avec certains pays concernant les cyber-menaces dans les infrastructures télécoms. Alors qu’ils envisagent de passer à la 5G, nous leur rappelons ces préoccupations», a affirmé un officiel américain cité par le WSJ. «Les réseaux 5G possèdent en outre des complexités supplémentaires qui les rendent plus vulnérables aux cyberattaques», a-t-il ajouté.
Selon des sources citées par le site d’information marocain Le Desk, «des contacts ont été pris [au Maroc, Ndlr] avec les décideurs politiques, les autorités en charge de la sécurité nationale et l’instance de régulation des télécoms». «Les opérateurs [marocains, ndlr] eux-mêmes sont approchés à travers leurs actionnaires de référence», a-t-il ajouté, précisant que John Bolton, le conseiller du Président américain pour la Sécurité nationale, suit de près ce dossier.«Prête à tout, l’administration américaine irait même, en plus d’agiter le spectre d’une panoplie de sanctions, jusqu’à promettre une aide financière supplémentaire pour développer les infrastructures dans les marchés qui cesseraient de recourir à l’équipementier chinois», a affirmé Le Desk.
L’Ouganda et la Zambie démentent
Les gouvernements ougandais et zambien ont démenti ces accusations.
«Il est totalement faux de prétendre que Huawei a aidé des gouvernements africains parmi lesquels l’Ouganda à espionner leurs opposants politiques», a déclaré le porte-parole de la présidence ougandaise Don Wanyama, cité par l’Agence France Presse (AFP). Les conclusions de l’article du WSJ sont «une continuation de la guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis», a-t-il ajouté.
Pour sa part, Dora Siliya, porte-parole du gouvernement zambien, a qualifié sur Twitter de «malveillant» l’article du WSJ. «Nous le démentons avec le mépris qu’il mérite», a-t-elle affirmé.Les autorités algériennes n’ont toujours pas réagi à ces accusations.
Huawei Algérie réagit
Dans un communiqué transmis à la presse locale vendredi 16 août, la filiale algérienne de Huawei a réagi à l’article publié dans le quotidien américain Wall Street Journal.
«Huawei rejette complètement les allégations non fondées et incertaines du Wall Street Journal contre ses activités commerciales en Algérie, en Ouganda et en Zambie», a indiqué l’entreprise chinoise dans une déclaration relayée par le site d’information Tout sur l’Algérie (TSA). «Le code de conduite professionnelle de Huawei interdit à tout employé d’entreprendre des activités qui compromettraient les données ou la confidentialité de nos clients ou des utilisateurs finaux, ou qui enfreindraient les lois en vigueur», a-t-elle précisé.
L’enquête du Wall Street Journal
Dans son article, le quotidien américain a rapporté que les dirigeants de Huawei avaient conseillé aux autorités ougandaises de se rendre en Algérie pour prendre connaissance du système de surveillance mis en place à l’époque du Président déchu Abdelaziz Bouteflika, lequel cherchait à savoir ce qu’envisageait l’opposition.
À cet effet, le journal a indiqué qu’une équipe de hauts responsables sécuritaires ougandais s’était effectivement déplacée, en septembre 2017, en Algérie. Selon lui, la délégation avait «étudié le système de vidéosurveillance à Alger, qui comprenait des centres de surveillance de masse et de cyber-surveillance». «Les Algériens sont avancés dans ce domaine», avait déclaré un membre de la délégation.Le Wall Street Journal a affirmé, par ailleurs, avoir pris possession d’un rapport élaboré conjointement par les services de sécurité ougandais et algériens, indiquant que le «système intelligent de vidéosurveillance de Huawei» était un «système avancé» qui «fournit l’une des meilleures applications de surveillance». Les deux pays avaient d’ailleurs signé un accord pour qu’une équipe algérienne conseille le gouvernement ougandais «sur le déploiement du programme […] de surveillance mis en œuvre par Huawei».