Madrid a annoncé l’envoi mardi d’un navire militaire à Lampedusa pour récupérer les migrants à bord du bateau de l’ONG espagnole Proactiva Open Arms, dont plusieurs se sont jetés à l’eau dans un geste désespéré pour rallier à la nage l’île italienne.
Stationnés depuis jeudi à quelques centaines de mètres des côtes de l’île italienne, ces migrants secourus par l’ONG au large de la Libye se sont vus refuser l’accès de l’île par les autorités italiennes, même si six pays européens (France, Allemagne, Luxembourg, Portugal, Roumanie et Espagne) se sont engagés à les accueillir, relate l’AFP.
Le navire espagnol, l’Audaz, partira à 17H00 (15H00 GMT) de la base de Rota dans le sud du pays et «naviguera pendant trois jours jusqu’à Lampedusa où il prendra en charge les personnes recueillies par l’Open Arms» afin de les amener jusqu’au port de Palma de Majorque aux Baléares, a indiqué le gouvernement espagnol dans un communiqué.Cette solution «permettra de résoudre cette semaine l’urgence humanitaire vécue à bord de l’Open Arms», a ajouté le gouvernement.
Dans un geste désespéré, quinze migrants, certains sans gilets de sauvetage, se sont jetés à la mer mardi pour tenter de rejoindre Lampedusa à la nage. Selon une porte-parole de l’ONG, ils ont été «secourus» par les garde-côtes italiens et amenés sur l’île.
«La situation est hors de contrôle», a indiqué sur Twitter l’ONG dont le bateau abrite désormais un peu moins de 100 migrants alors que plusieurs dizaines de mineurs ou de malades ont déjà dû être évacués.
Certains de ces migrants sont à bord de l’Open Arms depuis 19 jours, égalant ainsi le record des migrants secourus par le SeaWatch3 fin décembre avant leur débarquement à Malte le 9 janvier dernier.
Proposition de Madrid
Face au refus de Rome de les laisser débarquer, Madrid avait fini par proposer dimanche au bateau de rejoindre Algésiras, dans l’extrême sud de l’Espagne, puis les Baléares, plus proches mais toujours distantes d’un millier de kilomètres de Lampedusa.
Proactiva Open Arms avait balayé ces deux propositions en raison des jours de mer nécessaires pour rallier ces différents ports avant que Madrid ne propose finalement de venir prendre en charge directement les migrants à Lampedusa.
Demande du fondateur d’Open Arms
Dans un entretien publié mardi par El Pais, le fondateur d’Open Arms, Oscar Camps, avait lui demandé à ce que les migrants puissent débarquer à Lampedusa avant d’être transférés en avion.
Le sort des migrants de l’Open Arms a tourné à la passe d’armes entre Madrid et Matteo Salvini, accusé de vouloir tirer profit politiquement de cette affaire en pleine crise politique à Rome, où le gouvernement populiste torpillé par le patron de la Ligue (extrême droite) pourrait chuter mardi.
Conspuant une nouvelle fois M. Salvini, dont elle avait taxé lundi la position de «honte pour l’humanité», la ministre espagnole de la Défense Margarita Robles a jugé mardi que «les vies humaines ne lui importaient pas».
«Face à l’urgence humanitaire, personne ne peut détourner le regard. Nous n’allons pas le faire, contrairement à Salvini», a-t-elle encore dit.
«La fermeté est l’unique façon d’éviter à l’Italie de redevenir le camp de réfugiés de l’Europe, comme le démontre encore ces heures-ci le bateau de l’ONG espagnole des faux malades et des faux mineurs», a martelé pour sa part M. Salvini sur Twitter.