Afghanistan : Talibans et Américains négocient le retrait des troupes US

Talibans et Américains négocient depuis un an le retrait des troupes US contre la garantie que l’Afghanistan ne redevienne un sanctuaire pour les groupes djihadistes. Alors que les attentats se multiplient, il est permis de se demander quelle réalité pourrait prendre un tel accord.

40 ans après l’entrée de l’Armée rouge en Afghanistan, 18 ans après celle des forces américaines, le pays n’est toujours pas sorti d’une spirale de violences qui a marqué plusieurs générations d’Afghans. Le week-end dernier à Kaboul, un attentat revendiqué par Daech* a fait près de 80 morts et plus de 200 blessés lors des célébrations d’un mariage. Près d’un an après le début des négociations au Qatar entre les talibans et les États-Unis, le bilan dramatique de cet attentat témoigne de la situation sécuritaire catastrophique dans ce pays d’Asie centrale. Plus l’accord approche, plus les violences semblent s’intensifier. Le mois de juillet dernier a d’ailleurs été un des plus sanglant depuis que ces négociations ont commencé.

​La diplomatie américaine se dit pourtant prête à conclure un accord rapidement avec les talibans, qui verrait les troupes américaines se retirer graduellement du pays en échange de quoi les talibans empêcheraient Daech et Al-Qaïda* de trouver refuge dans le pays. Néanmoins, le flou règne encore sur les conséquences d’un potentiel accord: Que peuvent réellement faire les talibans? De quelles garanties disposent les États-Unis?

Aujourd’hui, les talibans se battent contre les forces gouvernementales, Daech se bat contre les forces gouvernementales, les talibans se battent contre Daech et les forces gouvernementales se battent contre ces deux entités. Un gouvernement qui n’est d’ailleurs pas représenté dans les discussions à Doha. Une situation instable qui fait qu’à Washington, de nombreuses voix –démocrates comme républicaines– se font entendre pour dissuader Donald Trump de retirer partiellement ou totalement ses troupes, comme le fait par exemple le général Jack Keane:

«Les troupes américaines en Afghanistan ont empêché une autre attaque catastrophique sur notre sol pendant 18 ans. Attendre des talibans qu’ils fournissent cette garantie dans le futur en retirant nos troupes n’a aucun sens», explique le militaire, aujourd’hui à la retraite.

Le Président Trump reste pourtant sourd à ces mises en garde, lui qui avait fait de ce retrait une promesse de campagne qu’il compte bien tenir, en particulier avant sa prochaine échéance électorale.

En mai dernier, la Russie a organisé des discussions à Moscou entre le gouvernement et les talibans, qui avaient débouché sur d’enthousiasmantes promesses de paix, mais la réalité du terrain a rapidement douché ces espoirs. Afin de mieux comprendre les enjeux et conséquences d’un possible accord historique entre Américains et talibans, Sputnik France a tendu le micro à René Cagnat, ancien colonel, spécialiste de l’Asie centrale et auteur du livre «Le désert et la source: djihad et contre-djihad en Asie centrale», paru le 20 juin aux éditions du Cerf.