Signé le 23 août 1939, le Pacte de non-agression entre l’Allemagne et l’Union soviétique, communément appelé «pacte Molotov-Ribbentrop», fait toujours couler beaucoup d’encre. Qui a déclenché la Seconde Guerre mondiale? Cette question ne cesse d’alimenter les discussions. Un historien polonais expose sa vision sur ces événements.
Les médias polonais se concentrent avant tout sur le fait même de la signature du Pacte de non-agression entre l’Allemagne et l’Union soviétique, communément appelé «pacte Molotov-Ribbentrop», et s’appliquent à persuader l’opinion de la volonté de la Russie de réhabiliter ce document, et plus précisément le protocole secret additionnel à celui-ci, a indiqué Bohdan Pietka, journaliste et historien polonais.
«Autant que je sache, la position officielle de la Russie concernant le pacte Molotov-Ribbentrop n’a pas changé depuis 1989, quand les autorités soviétiques ont soumis à une critique intransigeante la signature du protocole secret additionnel à ce document», précise M.Pietka.
Selon lui, l’évaluation polonaise du protocole secret additionnel au pacte Molotov-Ribbentrop, et de ce qui s’est produit le 17 septembre 1939, ne peut évidemment pas être critiqué.
«Quoi qu’il en soit, ce pacte n’a pas été le facteur qui a prédéterminé le début de la Seconde Guerre mondiale. Le début de la guerre avait été décidé bien avant, en 1938. […] La politique de pacification des ambitions de l’Allemagne, pratiquée à l’époque par le Royaume-Uni et la France a servi de « feu vert » pour Hitler», estime le Polonais.
Et d’ajouter que les accords de Munich de 1938 méritaient beaucoup plus d’être condamnés que le pacte Molotov-Ribbentrop.
«C’est alors justement en 1938, et non en 1939, que l’ordre mondial établi suite à la signature du traité de Versailles a été définitivement détruit, […] et la Pologne a perdu la guerre dès 1938», a résumé Bohdan Pietka.
Le Pacte de non-agression a été signé le 23 août 1939 par les ministres soviétique et allemand des Affaires étrangères, Viatcheslav Molotov et Joachim von Ribbentrop. Un protocole secret additionnel au traité délimitait les sphères d’influence soviétique et allemande en Europe de l’Est en cas de remaniement territorial, ce qui n’a pas tardé. Le traité fut ratifié une semaine après sa signature, les députés ignorant l’existence de cet ajout confidentiel. Dès le lendemain de la ratification du texte, le 1er septembre 1939, l’Allemagne attaqua la Pologne, dont la partie occidentale était incluse dans la sphère d’influence allemande selon le protocole secret. Le 17 septembre 1939, les troupes soviétiques entraient dans les régions orientales du pays.
Le 24 décembre 1989, le Congrès des députés du peuple, alors organe supérieur du pouvoir en Union Soviétique, a adopté une résolution sur l’évaluation politique et juridique du traité germano-soviétique de non-agression de 1939, résolution condamnant officiellement le protocole secret en tant qu’acte de «pouvoir totalitaire» qui ne traduisait nullement «la volonté du peuple soviétique qui n’assume aucune responsabilité pour cette collusion».