Des crises sociopolitiques et économiques ont frappé la Côte d’Ivoire

Avec la réduction de l’emploi dans le tertiaire, du fait des crises sociopolitiques et économiques qui ont frappé la Côte d’Ivoire, les nationaux se rabattent de plus en plus les petits boulots, longtemps aux mains des immigrés. Le sociologue Jean-Louis Lognon décrypte pour Sputnik les nouveaux rapports entre acteurs de l’économie informelle.

Fin de la lune de miel entre Ivoiriens et immigrés en Côte d’Ivoire? La situation du pays pousse de plus en plus de citoyens du pays à se lancer dans l’économie informelle, entrant en concurrence avec les immigrés qui y sont traditionnellement majoritaires.

En effet, du fait de son attrait économique, mais aussi sa politique migratoire libérale, la Côte d’Ivoire a toujours connu une immigration significative, principalement en provenance de la sous-région ouest-africaine. Selon un recensement national effectué en 2014, sur les 23 millions d’habitants que compte le pays, six millions sont des immigrés, et sur ce total, plus de 3,5 millions sont burkinabè (58,3%).

D’après un rapport de l’Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE) publié en 2018, la contribution des immigrés à l’économie ivoirienne est, en valeur absolue, la deuxième plus importante parmi les 54 pays d’Afrique après Djibouti. Autant dire que sans ses immigrés, la Côte d’Ivoire n’aurait pas connu le boom économique qui a été le sien lors des deux premières décennies ayant suivi son accession à l’indépendance en 1960.

Selon l’Institut National de la Statistique (INS), le secteur informel pèse entre 30 et 40% du PIB du pays. Dans de nombreux secteurs comme l’agro-industrie, le commerce ou encore la grande distribution, les immigrés, certains arrivés dans le pays depuis la période coloniale, se sont fortement implantés.

D’après la Chambre de Commerce et d’Industrie Libanaise de Côte d’Ivoire (CCILCI), les quelque 80.000 à 100.000 Libanais (certains ayant, depuis, acquis la nationalité ivoirienne) résidant en Côte d’Ivoire détenaient, en 2014, près de 40% de l’économie ivoirienne, dont 80% du parc immobilier privé, 60% du commerce, 90% de la distribution de détail et 60% de l’industrie.