Selon le célèbre historien turc Taner Akçam qui présente un document d’archives officielles turques, la décision de réaliser le génocide des Arméniens a été prise le 1er décembre 1914 à Erzeroum.
C’est le comité Jeune-Turc réuni le même jour à Erzeroum qui a pris cette funeste décision et envoyé le 1er décembre le message secret codé par télégraphe à Istanbul. Il était également demandé de détruire le double du télégramme dès sa lecture par les autorités Jeune-Turcs d’Istanbul.
La décision concernait les Arméniens de Van et de Bitlis. « Tant au centre que dans les régions, il est indispensable d’arrêter ceux qui se présentent comme des leaders de la révolution ou les Arméniens qui se préparent à attaquer les musulmans et dans le cas d’attaque, les exiler de Bitlis et les détruire »indique le 4e paragraphe du document.
Selon Taner Akçam le mot utilisé dans le texte « Imja » veut dire en turc disparition et est un mot très important démontrant la volonté des autorités turques de détruire.
« Nous savons par d’autres sources que cette décision du 1er décembre 1914 est entrée en fonction mais en réalité elle ne concerna pas que les hommes, mais également les femmes et les enfants. Afin de prévenir la menace potentielle, la destruction est l’une des constantes d’une série de génocides » écrit Taner Akçam en évoquant également la destruction des Juifs par les nazis lors de l’Holocauste avec la décision de détruire les hommes alors qu’en finale les femmes et les enfants étaient également tués.
Taner Akçam précise que cette décision du 1er décembre 1914 avec ce document, n’est pas la seule liée à la volonté d’exterminer les Arméniens. Les dernières décisions du génocide des Arméniens fut prises par le gouvernement turc le 15 février 1915 et le 3 mars 1915. Behaeddine Chakir, un membre du bureau central de l’organisation « Union et Progrès » qui est celle des Jeune-Turcs l’a attesté dans ses témoignages.
Dans une lettre du 3 mars 1915 Behaeddine Chakir écrit « le parti (İttihat ve Terakki Cemiyeti) a décidé de libérer la patrie de cette race maudite (les Arméniens), d’éliminer tous les Arméniens habitant en Turquie afin qu’il ne reste plus un seul Arménien (…) et pour les méthodes utilisées pour leur élimination, le gouvernement donnera des directives nécessaires aux préfets des régions et les dirigeants de l’armée ». Taner Akçam affirme que cette lettre porte la signature authentique de Behaeddine Chakir.
L’historien turc de notoriété mondiale affirme par ailleurs qu’entre 1914 et 1915 un certain nombre de télégrammes envoyés des régions à Istanbul affirment ouvertement -comme à Van, Erzeroum, Bitlis et Diyarbakir- la nécessité de faire disparaître les Arméniens.