Les forces indonésiennes ont tué par balle six manifestants ce mercredi dans la province de Papouasie, selon un témoin interrogé par l’AFP, tandis que les autorités ont fait état d’un soldat tué au cours des mêmes affrontements.
Plusieurs milliers de personnes s’étaient rassemblées pour manifester dans le district isolé de Deiyai alors que la région est secouée depuis une dizaine de jours par des manifestations et des émeutes contestant le traitement des Papous par les autorités indonésiennes. Selon Santon Tekege, un prêtre local, les forces de l’ordre ont utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser la foule, déclenchant la colère d’un groupe de manifestants qui a alors attaqué un soldat. «Vers 13H45, les policiers ont commencé à lancer des gaz lacrymogènes». Puis des militaires ont tiré vers les manifestants et «six ont été tués», a indiqué le prêtre, interrogé par téléphone. Plus de dix personnes ont été blessées et trois d’entre elles ont été hospitalisées, selon le prêtre.
Le site d’informations local Suarapapua.com a également rapporté que six manifestants ont été tués par balle. Ce bilan n’a pas pu être vérifié indépendamment. L’armée indonésienne n’a pas confirmé de morts parmi les manifestants mais a indiqué qu’un soldat avait été tué et plusieurs autres blessés au cours d’affrontements avec des Papous armés de machettes, d’arcs et de flèches. Quelque 150 manifestants se sont rendus au siège du gouvernement de Deiyai mercredi, demandant que le chef de district signe un accord en vue d’un référendum sur l’indépendance de la Papouasie, a indiqué le porte-parole de la police nationale, Dedi Prasetyo. «Les informations sur les morts parmi les civils ne sont pas confirmées», a-t-il relevé.
De nombreuses localités de Papouasie ont vu des manifestations, des émeutes et des bâtiments brûlés depuis une dizaine de jour dans un mouvement de colère déclenché par l’arrestation à Surabaya, sur l’île de Java, de 43 étudiants papous et d’injures à caractère raciste. Le gouvernement a réagi en envoyant plus d’un millier de policiers et de militaires en renfort en Papouasie et en bloquant l’accès à l’internet mobile dans cette région pauvre et isolée. Les militaires indonésiens sont régulièrement accusés d’abus par les Papous et les organisations de défense des droits de l’homme alors que l’armée fait face à un mouvement indépendantiste sporadique dans la province riche en ressources naturelles.
La Papouasie s’est déclarée indépendante en 1961, mais l’Indonésie en a pris le contrôle par la force en 1963 et l’a officiellement annexée en 1969 après un référendum d’autodétermination controversé. De nombreux Papous réclament l’indépendance, à l’instar de la Papouasie Nouvelle-Guinée, autre moitié de cette grande île qui l’a obtenue en 1975 après avoir été une colonie australienne.