Des manifestants ont incendié plusieurs bâtiments jeudi dans la plus grande ville de Papouasie, selon un journaliste de l’AFP, alors que la province indonésienne est le théâtre depuis près de deux semaines d’émeutes qui ont fait au moins trois morts.
Plusieurs centaines de manifestants se sont rassemblés dans la ville de Jayapura, certains ont mis le feu à une assemblée régionale et ont lancé des pierres sur des commerces et des hôtels, a constaté un journaliste sur place. Plusieurs autres bâtiments officiels ont été ensuite incendiés ainsi que le siège local d’un opérateur de télécommunications. Nombre de manifestants réclamaient l’indépendance de la province et dénonçaient le traitement de la population autochtone de l’île, les Papous, par les autorités indonésiennes accusées de racisme.
Mercredi, les affrontements les plus graves depuis le début du mouvement se sont produits dans le district isolé de Deiyai. Des heurts entre manifestants et forces de l’ordre indonésiennes ont fait au moins un mort parmi les soldats et deux parmi les manifestants, selon les autorités. Des témoins et des médias locaux ont fait état de 6 manifestants tués par balle par des militaires au cours de ces incidents.
Les autorités ont démenti ce bilan et indiqué que les forces de l’ordre avaient été attaquées par des centaines de Papous armés de machettes et de flèches. Ce bilan n’a pas pu être indépendamment vérifié alors qu’un blocage de l’internet mobile, imposé en Papouasie depuis la semaine dernière, rend les communications particulièrement difficiles.
Trois cents membres des forces de l’ordre ont été envoyés en renfort à Deiyai pour rétablir l’ordre, a indiqué jeudi le chef de la police nationale Tito Karnavian. De nombreuses localités de Papouasie connaissent depuis près de deux semaines des manifestations, des émeutes et des incendies de bâtiments, dans un mouvement de colère déclenché par l’arrestation le 17 août à Surabaya, sur l’île de Java, de 43 étudiants papous.
La police antiémeutes avait investi un dortoir pour en déloger les étudiants, accusés d’avoir détruit un drapeau indonésien le jour de la fête de l’Indépendance de l’Indonésie. Les policiers les ont arrêtés et interrogés avant de les libérer. Des manifestants s’en étaient pris aux étudiants, proférant des injures racistes et les traitant de «singes» ou de «chiens».
Aujourd’hui divisé en deux provinces, l’ouest de l’île de Nouvelle Guinée, riche en ressources naturelles, est en proie à une rébellion indépendantiste sporadique contre le gouvernement indonésien. L’Indonésie a pris par la force le contrôle de ce territoire en 1963, l’année ayant suivi le départ des Néerlandais qui en avait fait une colonie, et l’a officiellement annexé en 1969. De nombreux Papous réclament l’indépendance. La Papouasie Nouvelle-Guinée, l’autre moitié de la grande île, l’a obtenue en 1975 après avoir appartenu à l’Australie.