La Chine a accusé jeudi le Conseil de l’Europe de «soutenir le terrorisme» en présélectionnant un intellectuel ouïghour emprisonné pour recevoir le Prix des droits de l’Homme Václav-Havel 2019.
Ilham Tohti, condamné en 2014 par la justice chinoise à la prison à vie pour séparatisme, est membre de l’ethnie musulmane ouïghoure, majoritaire au Xinjiang, une vaste région du nord-ouest de la Chine. Le Conseil de l’Europe a annoncé cette semaine qu’il avait été sélectionné pour recevoir le Prix des droits de l’Homme Václav-Havel aux côtés de l’avocat tadjik Buzurgmehr Yorov et d’une initiative de jeunes des Balkans.
Mais le porte-parole de la diplomatie chinoise, Geng Shuang, a estimé que le professeur d’économie âgé de 49 ans était «un séparatiste qui soutient le terrorisme». «Cette nomination vise à blanchir ses actes criminels et à tromper la communauté des droits de l’Homme», a-t-il soutenu. «Nous appelons l’institution concernée à retirer cette nomination et à cesser de soutenir des activités séparatistes et le terrorisme». D’après l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, Ilham Tohti «oeuvre depuis plus de 20 ans à améliorer la situation de la minorité ouïghoure et à promouvoir le dialogue et la compréhension interethniques en Chine».
Il a également été recommandé par des élus américains pour recevoir le prix Nobel de la Paix 2019, alors que la Chine est soupçonnée par des associations de défense des droits de l’Homme d’avoir interné jusqu’à un million de personnes, des Ouïghours et d’autres membres de minorités musulmanes, dans des camps de rééducation. Pékin, qui a longtemps nié l’existence de ces camps, les qualifie de centres de formation destinés à lutter contre l’extrêmisme. Créé en 2013 et doté de 60.000 euros, le prix Václav-Havel sera décerné à Strasbourg le 30 septembre, veille de la fête nationale chinoise.