Trois maires prokurdes déchus de leur mandat en Turquie pour des accusations de « terrorisme » ont qualifié jeudi leur destitution de « putsch politique » et affirmé qu’ils allaient saisir la justice pour la contester.
Accusés d’activités « terroristes », les maires HDP (Parti démocratique des
peuples) de Diyarbakir, Adnan Selçuk Mizrakli, de Mardin, Ahmet Türk, et de
Van, Bedia Özgökçe Ertan, ont été démis de leurs fonctions le 19 août.
La destitution des maires de ces trois importantes villes du sud-est à
majorité kurde de la Turquie, quelques mois après leur victoire aux élections
municipales du 31 mars, avaient provoqué des manifestations réprimées par la
police.
« Nous avons été privés de l’opportunité de servir le peuple par le putsch
politique du 19 août », a déclaré M. Türk, maire déchu de Mardin et figure
influente de la cause kurde.
« C’est une décision politique qui vise à empêcher la lutte pour la
démocratie du peuple kurde, à intimider le peuple et à stopper nos efforts
pour amener le changement en Turquie », a-t-il ajouté lors d’une conférence de
presse à Istanbul.
Mme Ertan, qui s’exprimait elle aussi lors de cette conférence de presse, a
indiqué que le HDP allait « épuiser toutes les voies légales » pour contester
cette décision.
La semaine dernière, le président Recep Tayyip Erdogan a défendu la destitution des trois édiles, les accusant de s’être mis « au service de terroristes au lieu de servir la population ».
Le ministère de l’Intérieur affirme avoir reçu des plaintes selon lesquelles les trois maires auraient soutenu financièrement le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), un groupe qualifié par Ankara de « terroriste ».
M. Türk a qualifié d’« infondées » ces accusations. Ankara a nommé des gouverneurs dans les trois villes pour prendre en charge les administrations municipales.
M. Erdogan accuse régulièrement le HDP d’être lié au PKK. Mais le parti
affirme être visé en raison de son opposition virulente au gouvernement.
Des dizaines de responsables et élus du HDP ont été arrêtés dans le cadre
des purges que mènent les autorités turques depuis une tentative de putsch en
2016.