Le mouvement libanais Hezbollah a soufflé sur les braises lundi en assurant qu’il n’y avait « plus de ligne rouge » dans sa confrontation avec Israël, au lendemain d’échanges de tirs à la frontière qui ont fait craindre une flambée de violences entre les deux ennemis.
Dans un discours retransmis en soirée à la télévision, le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a affirmé qu’en cas d’attaque israélienne, son mouvement était prêt à frapper l’Etat hébreu « en son coeur » et « en profondeur ».
« Le message est clair: si vous attaquez, toutes les frontières, vos soldats, vos colonies, à la frontière, en profondeur (du territoire israélien) ou en son coeur, pourront être menacés et ciblés », a-t-il déclaré, se disant prêt à « confronter les drones israéliens dans le ciel du Liban ».
Une « étape » de la riposte du Hezbollah est « terminée », a-t-il martelé.
Dimanche, le mouvement a tiré des missiles antichars sur le nord d’Israël, qui a répliqué avec des frappes dans le sud du Liban ayant provoqué uniquement des incendies dans des secteurs boisés.
« Pour défendre le Liban, sa souveraineté, sa dignité, sa sécurité et son peuple, il n’y a plus de ligne rouge », a tonné lundi le chef du mouvement chiite.
La confrontation est survenue au terme d’une semaine allant crescendo, qui a commencé par un bombardement de l’armée israélienne qui a tué deux combattants du Hezbollah, et qui s’est poursuivie par des accusations d’attaques de drones israéliens contre la banlieue sud de Beyrouth –fief du Hezbollah–, qualifiée de « déclaration de guerre » par le président libanais Michel Aoun.
Lundi toutefois, dans le sud du Liban comme dans le nord d’Israël, la tension était retombée et la vie avait repris son cours normal.
A Avivim, verdoyante localité du nord israélien touchée par les frappes du Hezbollah, l’école locale a rouvert mais les habitants gardent bien en tête les échanges de tirs de la veille, qui ont rappelé à certains la guerre de 2006 entre le mouvement armé libanais et Israël.
« La guerre peut reprendre en une minute. Ca peut arriver et ça me préoccupe », dit à l’AFP Dudu Peretz, 35 ans, affirmant qu’il s’agit du développement le plus inquiétant à la frontière depuis le conflit qui, à l’été 2006, avait fait 1.200 morts côté libanais et 160 côté israélien.
Moran, 12 ans, raconte avoir entendu des frappes pour la première fois de sa vie: « nous étions sur le qui-vive depuis une semaine, nous nous attendions à quelque chose ».
Dimanche, des projectiles sont aussi tombés près de Yiron, un kibboutz voisin d’environ 400 âmes, causant un incendie et endommageant la route.
« Nous sommes soulagés qu’ils n’aient tué personne de notre côté et que nous n’ayons tué personne du leur. Toute effusion de sang serait une honte », estime Sabagh Israel, 57 ans, en faisant les courses sur le marché d’Avivim. « Leur sang est comme le nôtre. »
Au Liban, des casques bleus de la Force de l’ONU (Finul) patrouillaient le long de la frontière tandis que des agriculteurs cultivaient leur champ, selon un journaliste de l’AFP sur place.
« Nous avons l’habitude de ce genre de situation. Nous restons calmes et déterminés », déclare Ali al-Safari, un habitant de Bint Jbeil, ville près de laquelle une centaine d’obus israéliens sont tombés la veille.
En Syrie, pays en guerre voisin d’Israël et du Liban, les autorités de Damas, alliées au Hezbollah, ont salué l’attaque du mouvement chiite qui suscite la « fierté », selon une source au ministère des Affaires étrangères, citée par l’agence de presse officielle syrienne Sana.
Il s’agit là d' »une riposte aux agressions israéliennes répétées contre la souveraineté du Liban », a affirmé cette source.
Dans une vidéo diffusée lundi sur sa chaîne Al-Manar et présentée comme un compte-rendu de l’attaque de dimanche, le Hezbollah a montré un missile tiré depuis une de ses positions se diriger sur un véhicule militaire avançant sur une route au milieu d’un paysage vallonné, puis une explosion provoquant un nuage de fumée.
En fond sonore, une voix assure que ce premier missile antichar de type « Kornet » a été suivi par un second missile, tiré depuis une deuxième position.
Israël a accusé le Liban de laisser opérer sur son territoire le Hezbollah qui, selon son armée, tente de convertir des roquettes en missiles de précision pouvant causer des dommages plus importants.
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