Le parti d’Erdogan va expulser l’ex-Premier ministre Davutoglu

Le comité exécutif du parti du président turc Recep Tayyip Erdogan (AKP, au pouvoir) a décidé lundi à l’unanimité de renvoyer l’ancien Premier ministre Ahmet Davutoglu devant une commission disciplinaire en vue de son expulsion, ont rapporté plusieurs médias.

 

Cette décision a été prise à l’issue d’une réunion de cinq heures du comité exécutif central du Parti de la Justice et du Développement (AKP), présidée par M. Erdogan, a notamment indiqué le quotidien progouvernemental Hürriyet sur son site Internet.

Figure importante du parti islamo-conservateur, Ahmet Davutoglu, qui avait aussi été ministre des Affaires étrangères, avait quitté son poste de Premier ministre en 2016 au bout de deux ans. Il avait juré de ne jamais critiquer M. Erdogan en public, mais il a récemment montré qu’il n’entendait plus passer sous silence ce qu’il considère comme des dysfonctionnements au sein du parti.

Il a notamment accusé l’AKP d’avoir dévié de ses objectifs, critiquant son parti pour avoir exigé un nouveau scrutin à Istanbul après avoir perdu de justesse la ville en mars au profit de l’opposition. Lors d’une nouvelle élection en juin, le candidat de M. Erdogan avait subi une lourde défaite.

Il a aussi dénoncé la destitution le 19 août de trois maires de villes de l’est de la Turquie – Diyarbakir, Mardin et Van, tous trois membres du parti prokurde HDP (Parti démocratique des peuples) et accusés d’entretenir des liens avec des militants kurdes. Cette décision intervient alors que des personnalités de premier plan comme l’ancien président Abdullah Gül et l’ex-vice Premier ministre Ali Babacan, tous deux membres fondateurs de l’AKP, ont pris leurs distances avec M. Erdogan.

Ancien vice-Premier ministre chargé de superviser l’économie turque, Ali Babacan a annoncé le 8 juillet sa démission du parti évoquant de « profondes divergences« et le besoin d’une »nouvelle vision ».

Selon la presse turque, M. Babacan, également ancien ministre de l’Economie et chef de la diplomatie, puis vice-Premier ministre jusqu’en 2015, se prépare à constituer à l’automne son propre parti avec Abdullah Gül.