Entre 80 et 100 propriétaires de véhicules à protection balistique ont été recensés en Corse, soit, en proportion du nombre d’habitants, quatre fois plus qu’au Brésil, lequel détient pourtant le leadership mondial en la matière.
Les voitures blindées ont le vent en poupe en Corse, même si le premier marché au monde de ces véhicules se trouve au Brésil. En effet, ce moyen de locomotion fait l’objet d’une demande élevée, tant auprès de voyous locaux que de certains chefs d’entreprise voulant éviter toute agression.
Car la région semble connaître un phénomène de «mafiosisation», constate Le Monde dans un article paru ce vendredi 6 septembre.
Des forteresses roulantes
La Corse compte, selon les services de l’État, de 80 à 100 propriétaires de véhicules blindés, soit un pour 3.000 habitants, une proportion quatre fois supérieure à celle du Brésil qui est le premier marché au monde de ces voitures.
Toutefois, ces véhicules ne sont pas accessibles à tout le monde puisqu’ils exigent de débourser la bagatelle de 100.000 à 500.000 euros, voire plus, en fonction de leur degré de blindage et de leurs options. Ce qui fait que certains recourent au système D.Ainsi, selon le site Internet de France 3 Corse, un modeste entrepreneur a déclaré aux gendarmes lors d’un banal contrôle routier qu’il avait soudé des plaques métalliques à sa fourgonnette après avoir fait l’objet d’intimidations.
Dommages collatéraux
Ce phénomène suscite l’inquiétude des pouvoirs publics en raison des conséquences qu’il pourrait avoir sur le mode opératoire des gangs.
«Il est indispensable de poursuivre la lutte contre la prolifération des armes, a déclaré Éric Bouillard, procureur de la République d’Ajaccio, cité par Le Monde. Pour parvenir à leurs fins, les voyous s’adaptent et montent en gamme et en puissance, au risque de graves dommages collatéraux.»
Ainsi, les enquêteurs ont retrouvé au moins 50 douilles de kalachnikov sur les lieux d’une tentative d’assassinat, tandis que l’un des projectiles a fini sa course dans un appartement habité. Par ailleurs, lors du meurtre d’un homme considéré comme proche du grand banditisme, les tueurs, visiblement au courant du blindage de la voiture, ont utilisé du calibre 50, une munition de mitrailleuse lourde.
Il semble que l’industrie du blindage des voitures dans l’île ait de beaux jours devant elle. En effet, le journaliste d’investigation Jacques Follorou, spécialiste de la grande criminalité corse pour Le Monde, a publié en avril dernier un livre, «Parrains corses. La guerre continue», où il constate la présence d’un véritable système mafieux bien installé sur l’Île de Beauté.