Justin Trudeau, affaibli par une série de scandales, a donné mercredi le coup d’envoi de la campagne des législatives du 21 octobre, pour lesquelles les sondages prédisent au Premier ministre canadien une lutte serrée face aux conservateurs.
Main dans la main avec son épouse Sophie Grégoire, le chef libéral s’est rendu en matinée chez la gouverneure générale Julie Payette pour lui demander de dissoudre les Communes, la chambre basse du parlement. Cette procédure formelle marque le début officiel d’une campagne électorale qui, dans les faits, a commencé il y a plusieurs mois.
« Les Canadiens auront un choix important à faire », a-t-il déclaré à la presse. « Allons-nous revenir aux mesures du passé qui ont échoué ? », a-t-il demandé en référence à son prédécesseur conservateur Stephen Harper. « Ou allons-nous continuer à aller de l’avant ? », a-t-il ajouté, en écho à son slogan de campagne: « Choisir d’avancer ».
Pendant les 40 jours que durera la campagne, M. Trudeau devra ferrailler avec ses trois principaux rivaux: le dirigeant conservateur Andrew Scheer, le chef du Nouveau Parti Démocratique (NPD, gauche), Jagmeet Singh et la cheffe des Verts Elizabeth May.
Alors que la lutte contre le changement climatique s’annonce comme l’un des grands thèmes de la campagne, Mme May espère créer la surprise et devenir la troisième force au Parlement.
A son actif, M. Trudeau a fait valoir la bonne tenue de l’économie canadienne à l’issue de son premier mandat.
« La pauvreté a chuté, le taux de chômage figure parmi les plus bas jamais enregistrés au pays et la création d’emplois est à la hausse. Et tout ça, c’est parce que notre équipe a rejeté les coupes et l’austérité des années Harper et qu’à la place, on a décidé d’investir dans la classe moyenne », a-t-il plaidé.
Les derniers sondages montrent que les libéraux de M. Trudeau sont talonnés par les conservateurs. Les statistiques, elles, sont favorables au chef du gouvernement: depuis la Seconde Guerre mondiale, tous les Premiers ministres ayant remporté une majorité parlementaire ont décroché un second mandat.
« Il a menti aux Canadiens »
M. Trudeau, 47 ans, pourra également compter sur son aisance pendant les campagnes électorales, à l’image de celle qu’il avait remportée haut la main en 2015 alors que les sondages le plaçaient en troisième position quelques mois plus tôt. D’autant que son principal opposant, le jeune Andrew Scheer (40 ans), moins à l’aise dans ses prises de parole en public, entame de son côté la première campagne de sa carrière.
M. Scheer n’a pas attendu l’annonce officielle pour ouvrir les hostilités.
« Pendant les prochaines semaines, je vais démontrer aux Canadiens que Justin Trudeau a perdu l’autorité morale pour gouverner », a-t-il une nouvelle fois asséné, comme il le fait régulièrement depuis qu’a éclaté le scandale SNC-Lavalin en février.
M. Trudeau et son entourage ont été accusés d’avoir fait pression sur l’ancienne ministre de la Justice pour qu’elle intercède en faveur d’une société québécoise, SNC-Lavalin, afin de lui éviter un procès pour corruption.
« Il a menti aux Canadiens », a tonné le chef conservateur lors d’un point-presse, réagissant à un énième rebondissement de cette affaire qui n’en finit pas de poursuivre le Premier ministre.
Le Globe and Mail, quotidien qui avait révélé l’affaire, affirme mercredi que la police fédérale enquêtait sur une possible entrave à la justice dans ce cadre, mais que le gouvernement avait refusé de lever le secret ministériel protégeant certains témoins.
« Je lui demande de lever ce secret dès maintenant », a immédiatement rebondi M. Scheer.
La bataille étant officiellement lancée, les chefs de partis ont pris la route ou les airs pour une campagne qui culminera avec le scrutin législatif à un tour, le 21 octobre.
D’entrée de jeu, M. Scheer a porté son message au Québec, puis en Ontario, terres libérales. M. Trudeau était quant à lui attendu en Colombie-Britannique, une des provinces où sa politique controversée sur l’environnement pourrait lui coûter des voix.
Le Premier ministre se pose en champion de la lutte contre le changement climatique. Mais ses adversaires lui reprochent de mener une politique contradictoire: son gouvernement a adopté une taxe carbone, mais a également nationalisé à fort prix un oléoduc dans l’ouest du pays.