Contrairement à son habitude, le souverain pontife a répondu aux critiques des ultra-conservateurs qu’il accuse d’introduire de «l’idéologie» dans la doctrine de l’Église, assurant ne pas avoir peur d’un «schisme».
«Je n’ai pas peur», a rétorqué le pape François aux cercles conservateurs, dont il est de plus en plus la cible, lors d’une conférence de presse donnée le 10 septembre dans l’avion, sur le chemin du retour, après un voyage d’une semaine au cours duquel il s’est rendu dans trois pays africains, relate Le Monde.
Durant le vol aller du 4 septembre, le chef de l’Église catholique avait déclaré: «C’est un honneur que les Américains m’attaquent», recevant en cadeau le livre d’un journaliste sur les virulentes critiques des milieux catholiques ultra-conservateurs américains, intitulé «Comment l’Amérique veut changer le pape». Le livre décrit leurs efforts pour «changer de pape», en raison notamment de désaccords sur le discours économique de ce dernier et de ses critiques contre la mondialisation.
Interrogé sur ce conflit, le souverain pontife a plus d’une fois évoqué la possibilité d’un «schisme» avec l’Église américaine. Il a en effet reproché à ses adversaires d’introduire de «l’idéologie» dans la doctrine de l’Église.
«Je copie Jean-Paul II»
À ceux qui l’accusent d’être «trop communiste», il répond qu’il ne fait que suivre les enseignements de ses prédécesseurs. «Par exemple, les choses sociales que je dis, c’est la même chose que ce qu’avait dit Jean-Paul II. La même chose! Je le copie!» Jean-Paul II est d’ailleurs une référence absolue pour les courants conservateurs, souligne Le Monde.Le pape François estime que «le chemin du schisme n’est pas chrétien», tout en soulignant que «Moi, je n’ai pas peur des schismes.». «Je prie pour qu’il n’y ait pas de schisme», a-t-il cependant ajouté.
Le souverain pontife a pour une fois dérogé à sa règle de ne pas répondre aux attaques. S’il a longuement parlé et avec insistance de l’hypothèse d’un schisme, c’est pour trois raisons, note Le Monde. Premièrement, pour dramatiser les attaques portées contre lui et réaffirmer sa volonté de maintenir son cap en dépit des pressions. Deuxièmement, pour placer dans une position de dissidents ses adversaires, qui, de leur côté, ne cessent d’accuser le pape d’avoir lui-même introduit la rupture dans la doctrine de l’Église et d’imposer des conceptions hétérodoxes voire, pour certains, hérétiques. Et troisièmement, pour affirmer son autorité en prévision des discussions à venir en octobre sur l’ordination d’hommes mariés en Amazonie pour pallier le manque de prêtres dans cette région très vaste. Dans le même mois, la nouvelle Constitution vaticane devrait en outre être enfin publiée, qui pourrait engendrer d’autres changements substantiels dans le fonctionnement de l’Église.
Critiqué de tous les côtés
Le pontife a en outre fait savoir que les critiques à son encontre «ne viennent pas seulement des Américains», mais «d’un peu partout, y compris de la curie» romaine. Le pape François assure être disposé à entendre toute critique «loyale» et ouverte. Cependant, il rejette les critiques faites «sous la table», par «ceux qui te font des sourires et après te poignardent dans le dos». Selon lui, il s’agit de «petits groupes fermés qui ne veulent pas entendre la réponse à la critique» et qui «lancent la pierre en se cachant la main».Enfin, il a reproché aux cercles conservateurs qui le critiquent d’avoir une «idéologie ascétique» qui donne «le primat d’une morale ascétique sur la morale du peuple de Dieu». «Aujourd’hui, nous avons tellement d’écoles de rigidité dans l’Eglise, qui ne sont pas des schismes mais qui sont des chemins chrétiens de type schismatique. Et, à la fin, ils finiront mal», a-t-il conclu.