L’ambassadeur de Russie en Arménie a réaffirmé hier le projet du président Vladimir Poutine de se rendre à Erevan et de participer au sommet de l’Union économique eurasienne (UEE) qui se tiendra le mois prochain.
Certains médias et commentateurs arméniens favorables à l’opposition ont laissé entendre que Poutine pourrait annuler son premier voyage en Arménie depuis la Révolution de velours de 2018 en raison du refus des autorités arméniennes de libérer Robert Kotcharian, son ancien homologue arménien, accusé de corruption et de coup d’Etat. Poutine a de nouveau fait l’éloge de Kotcharian lorsqu’il lui a envoyé un message à l’occasion de son 65e anniversaire le mois dernier.
L’ambassadeur de Russie Sergey Kopyrkin a assuré que les Arméniens « devraient » s’attendre à ce que Poutine se rende dans leur pays le mois prochain. « Avez-vous des informations différentes ?, a-t-il lancé. Moi pas. »
« Nous partons du fait qu’une session du Conseil économique suprême eurasien (l’organe décisionnel suprême de l’UEE) se tiendra ici, a ajouté Kopyrkin. Comme l’a déclaré hier au Parlement le vice-ministre arménien des Affaires étrangères, c’était la décision commune des chefs d’État. Dès lors, pourquoi se poser des questions à ce sujet ? »
« Je reçois des informations qui remettent en cause la visite du président Poutine via les médias. Je ne peux pas commenter ces informations, car je ne dispose d’aucune autre information allant dans ce sens », a raillé Kopyrkine.
Le service arménien des migrations a accordé l’asile la semaine dernière à un activiste anti-gouvernement russe qui s’est installé en Arménie en janvier après avoir purgé une peine de quatre ans d’emprisonnement en Russie. Cette décision sans précédent intervient presque un mois après le refus des autorités russes d’extrader Mihran Poghosian, ancien haut responsable accusé de corruption en Arménie.
Moscou a également refusé à la fin de l’année dernière d’extrader Mikael Harutiunian, ancien ministre de la Défense arménien recherché par les autorités arméniennes pour des accusations de coup d’Etat. Il a fait valoir que Harutiunian est un citoyen russe.
Kopyrkin a nié tout motif politique derrière les décisions russes. « Ce n’est pas parce que quelqu’un se trouve en Russie qu’il a obtenu l’asile politique, a-t-il jugé. En ce qui concerne Mihran Poghosian, selon mes informations, nous parlons d’une procédure légale. Il a fourni les documents nécessaires aux autorités russes. »
Moscou ne recueille pas les Arméniens en fuite dans le but d’envoyer un message à Erevan, a insisté le diplomate. « Le [seul] message de la Russie aux nouvelles autorités arméniennes est très clair : nous sommes des partenaires stratégiques, des alliés, des pays frères et des peuples frères, a-t-il souligné. La position de la Russie sur cette question n’a aucunement changé. À ma connaissance, cela correspond à l’approche des dirigeants arméniens. »
Le ministre arménien des Affaires étrangères, Zohrab Mnatsakanian, a également démenti toute tension entre Moscou et Erevan le 6 septembre. « Les relations entre États entre la Russie et l’Arménie ont des bases solides et cela n’a pas changé », a-t-il assuré.