«Unitech, go home», «projet toxique», «harcèlement nucléaire stop» : un millier de personnes ont manifesté samedi à Joinville (Haute-Marne) contre un projet de laverie industrielle pour vêtements contaminés provenant d’installations nucléaires, constatent les médias locaux.
Une enquête d’utilité publique doit être ouverte dans quelques semaines sur ce projet, lancé en 2016 et porté par Unitech France, filiale de l’Américain Unitech Services.
Le site doit voir le jour d’ici 2021 dans une zone d’activités au bord de la Marne. Avec différents clients, dont EDF ou Orano (ex-Areva), la blanchisserie sera destinée à décontaminer et laver les vêtements portés par des employés travaillant dans des zones «faiblement» ou «non contaminées» de sites nucléaires, soit plus de 1900 tonnes de linge par an.
Au regard de la quarantaine d’emplois promis, «le jeu n’en vaut pas la chandelle», estime Michelle Labouille, de l’assocation Belles Forêts sur Marne, à l’origine de cette mobilisation. S’y sont associées sept associations de défense de l’environnement et 21 communes riveraines de la Marne et du Lac du Der, dont les conseils ont délibéré contre le projet.
«Les habitants ont peur pour leur santé (…) et celle de leurs descendance», a tonné au mégaphone Francisco Albarras, le maire de Vecqueville, près de Joinville. «Notre zone de captage d’eau est à 70 mètres de l’usine», s’est-il alarmé. «40% des effluents radioactifs de la laverie seront rejetés directement dans la rivière», assure Michèle Labouille, qui souligne le danger pour la faune, la flore et l’image touristique de la Haute-Marne. Selon elle, «plus de 800 emplois du tourisme autour du lac du Der seront menacés».
De plus, le site doit s’installer près d’un lotissement, «à proximité d’une crèche et d’un collège, à cent mètres des premières habitations» et «les rejets gazeux émis, en particulier de plutonium» représentent un risque pour les riverains, dénoncent les opposants.
«Après traitement, les rejets dans la Marne sont largement inférieurs aux normes françaises. Arrêtons de faire peur aux gens!», avait contre-attaqué en juin Jacques Grisot, directeur général d’Unitech. Dans ce projet, «les flux d’éléments radioactifs sont très limités», estime aussi, dans un avis rendu en avril, la Mission régionale d’Autorité environnementale (MRAE) du Grand Est.
Ces arguments ne convainquent pas les opposants, qui ont changé les plaques des communes concernées, «Joinville, petite cité de caractère» devenant «petite cité du nucléaire» et Suzannecourt – où doit s’implanter l’usine – devenant «Suzannetech». «On essaie de transformer la Haute-Marne en poubelle nucléaire», tranche Dominique Laurent, maire de Bettancourt-la-Férée, près de Saint-Dizier, lui aussi présent à la manifestation.