L’heure est à l’effervescence sur l’avenue Bourguiba. L’artère principale de Tunis est irriguée de milliers de militants et de simples passants venus assister aux derniers meetings de la campagne officielle pour le premier tour de la présidentielle du dimanche 15 septembre.
Alors que les chants résonnent et que les drapeaux au croissant sont brandis fièrement, France 24 est allé à la rencontre de ces électeurs pour prendre le pouls de la Tunisie à l’approche d’un scrutin historique.
Bessam a 38 ans. Il assure la sécurité d’un grand hôtel de Tunis. Jeune marié, il a dû contracter un crédit pour subvenir à ses besoins et à ceux de sa femme. Il réclame des cigarettes aux clients qui passent car, dit-il, le prix du paquet a doublé depuis la chute du régime de Ben Ali en 2011. Désenchanté, il ne croit plus que la politique soit capable de changer la Tunisie. Rencontré sur son lieu de travail, il refuse d’être pris en photo.
« Je ne vais pas voter parce que les politiques n’ont rien fait. Ils nous mentent tous. Ils sont tous pareils et veulent seulement des postes et des fauteuils. Est-ce que la Tunisie était comme ça [avant la révolution] ? Non ! Elle n’était pas comme ça ! On était bien, on vivait bien », se remémore-t-il.
« Rien ne s’est amélioré dans ce pays. Bien au contraire, la situation a régressé », dénonce le gardien. « Et tu crois que ces gens-là ont un bâton magique pour améliorer la situation du jour au lendemain ? Non, ils vont juste travailler pour leurs propres intérêts. »
« Ça fait huit jours que je suis marié, je te jure devant Dieu, je n’ai que deux pêches et deux poires pour ma femme et moi ! », rage-t-il en brandissant le sac plastique contenant sa pitance du jour. « Si je pouvais, j’irais jusqu’au Mozambique si ça me permettait de vivre mieux. Ils ne nous ont rien laissé dans ce pays. »
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