La ministre de la Justice Nicole Belloubet a admis dimanche avoir «oublié de mentionner» trois biens immobiliers dans une déclaration de patrimoine en 2017, qu’elle a ensuite rectifiée, après avoir été mise en cause par Jean-Luc Mélenchon.
M.Mélenchon, qui comparaît à partir de jeudi à Bobigny, a suggéré dans un entretien au Journal du dimanche (JDD) que Mme Belloubet laissait la justice faire son «procès politique» pour ne pas déplaire aux magistrats, par «peur de ce qui pourrait se passer quand elle quittera le ministère», notamment après «les oublis fâcheux dans sa déclaration de patrimoine».
Il mentionne l’oubli d’une «maison de 184 mètres carrés dans l’Aveyron» et «deux appartements à Paris de 61 et 32 mètres carrés».
Selon les documents accessibles sur le site de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), Mme Belloubet détient des parts de ces trois biens pour une valeur totale de 336.000 euros.
La ministre n’avait pas mentionné ces parts dans une première déclaration déposée le 21 juin 2017 après son entrée au gouvernement. Mais elles apparaissent ensuite dans celle du 1er décembre 2017.
Interrogée au Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro, Mme Belloubet a admis avoir «oublié de mentionner» plusieurs biens dans la première déclaration. «J’ai effectué une rectification et la HATVP a considéré que les choses s’en arrêtaient là», a-t-elle ajouté.
«Ces biens-là n’étaient pas sous le même régime que les autres, je les ai omis», a-t-elle expliqué, en précisant qu’elle avait déclaré ces biens dans des déclarations de patrimoine antérieures. «Il n’y avait donc aucune intention de fraude, ce qu’a reconnu la Haute autorité», a-t-elle ajouté.
Autorité indépendante créée après le scandale Cahuzac, la Haute autorité contrôle notamment le patrimoine des parlementaires et des ministres et peut saisir la justice si elle décèle une intention frauduleuse.
Si Jean-Luc Mélenchon «s’autorise à parler» des oublis de Mme Belloubet dans ses déclarations de patrimoine, «c’est qu’il y a des éléments», a de son côté jugé sur France Inter le député insoumis du Nord Adrien Quatennens.
M.Mélenchon doit comparaître jeudi et vendredi avec cinq proches à Bobigny, pour les incidents ayant émaillé la perquisition d’octobre 2018 au siège de la France insoumise. Celle-ci avait été diligentée dans le cadre d’une enquête sur des soupçons d’emplois fictifs au Parlement européen et les comptes de la campagne présidentielle de 2017.
Affaires Ferrand et de Rugy
Ces dernières semaines, plusieurs poids lourds du gouvernement ont été touchés par des scandales liés soit à leur mode de vie soit directement par la justice.
Ainsi, Richard Ferrand, président de l’Assemblée nationale et quatrième personnage de l’État, a été mis en examen pour prise illégale d’intérêts dans l’affaire des Mutuelles de Bretagne. Il est soupçonné d’avoir utilisé son statut de directeur général de l’institution en faveur de sa compagne pour des travaux d’un montant de 184.000 euros et une location mensuelle de 42.000 euros par an. Il avait dû démissionner de son poste de ministre de la Cohésion des territoires en 2017 suite aux révélations du Canard enchainé à ce sujet.
Précédemment, c’est François de Rugy, alors ministre de l’Écologie, qui en juillet 2019 a annoncé sa démission après la parution d’une enquête de Mediapart accompagnée de photos expliquant que le ministre organisait à grands frais des dîners où des homards étaient servis. Il est redevenu député.