Le président turc Recep Tayyip Erdogan accueille ce lundi 16 septembre ses homologues russe et iranien à Ankara pour un nouveau sommet sur la Syrie, qui devrait être dominé par l’offensive du régime de Damas sur le dernier bastion rebelle d’Idleb.
Il s’agit du cinquième sommet entre Erdogan, dont le pays soutient l’opposition, et Vladimir Poutine et Hassan Rohani, garants du régime de Damas, depuis 2017. Au moment où la victoire de Bachar al-Assad semble de plus en plus acquise, la priorité pour Ankara est de se prémunir d’un nouvel afflux massif de réfugiés en provenance d’Idleb, dans le nord-ouest de la Syrie. Malgré des appels à un cessez-le-feu, cette zone, où vivent environ 3 millions de personnes, est sous le coup d’une offensive du régime syrien. Ankara y dispose, en vertu d’un accord conclu l’année dernière avec Moscou, de douze postes d’observation dont l’un est désormais encerclé par les troupes de Damas.
L’objectif du sommet est d’examiner «les développements en Syrie, à Idleb en particulier, mais aussi les démarches à faire conjointement dans la période à venir pour la cessation du climat de conflit, la mise en oeuvre des conditions nécessaires pour le retour volontaire des réfugiés et l’instauration d’une solution politique», a déclaré la présidence turque dans un communiqué. Des bombardements sporadiques se poursuivent à Idleb, malgré un fragile cessez-le-feu décrété le 31 mars, à l’issue de quatre mois de bombardements du régime et de l’allié russe qui ont tué, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), plus de 960 civils. «Dans cette zone, un grand nombre de terroristes sont toujours présents (…), et des combattants continuent de tirer sur les positions des forces gouvernementales», a déclaré vendredi le conseiller du Kremlin, Iouri Ouchakov.
Le sommet devrait aussi se pencher sur l’est de l’Euphrate, où la Turquie a conclu avec les Etats-Unis un accord y prévoyant la mise en place d’une zone tampon qui séparerait la frontière turque des zones syriennes contrôlées par une milice kurde, appuyée par Washington mais considérée comme «terroriste» par Ankara. L’un des objectifs de cette «zone de sécurité» pour Ankara est de pouvoir y renvoyer certains des plus de 3,6 millions de réfugiés syriens installés en Turquie. Moscou souhaite avancer sur la création d’un comité constitutionnel chargé de la rédaction de la constitution pour l’après-guerre. Toutefois, «cela laisse de nombreuses questions non résolues sur l’avenir du processus politique, y compris la capacité et la volonté du régime d’entreprendre toute forme de réforme politique», selon Dareen Khalifa, analyste à l’International Crisis Group.
Les trois dirigeants auront également des entretiens bilatéraux avant le sommet, qui se terminera avec une conférence de presse au cours de laquelle ils doivent présenter une déclaration commune.