Selon les médias français, Jean-Marie Le Pen, cofondateur du Front national, qualifié de «nazi» par Jacques Séguéla, a gagné ce mercredi en appel le procès pour injure qu’il avait intenté au publicitaire.
Jacques Séguéla devra verser à Jean-Marie Le Pen 4000 euros de dommages et intérêts ainsi que 2000 euros au titre des frais de justice.
Le 20 octobre 2014, Jacques Séguéla avait affirmé sur BFMTV à propos de Jean-Marie Le Pen: «C’est peut-être le dernier cadeau que François Hollande fera, un cadeau empoisonné à la démocratie, que d’être tellement faible, avec une droite qui est en train de s’entre-déchirer dans un duel à mort, et que ces deux monstres de droite et de gauche nous livrent pieds et poings liés à la fille de ce nazi».
Jacques Séguéla, qui débattait avec Serge Moati, s’exprimait après la diffusion d’un extrait d’interview dans lequel Jean-Marie Le Pen disait, au sujet de l’Occupation: «Je crois que Vichy a fait ce qu’il pouvait pour essayer de défendre les Français contre un horrible malheur qui venait de se produire et dont étaient responsables les gens qui avaient dirigé le pays avant la défaite». Jean-Marie Le Pen avait porté plainte pour injure.
Le 19 juin 2018, le tribunal correctionnel avait relaxé Jacques Séguéla, voyant dans le terme «nazi» «un raccourci verbal employé par un publicitaire qui a l’habitude des formules chocs». Jean-Marie Le Pen avait fait appel et un second procès, au civil uniquement, avait eu lieu en juin. Pour juger Jacques Séguéla coupable d’une «faute civile fondée sur l’injure publique», la cour d’appel a estimé que «l’emploi du mot »nazi » pour désigner Jean-Marie Le Pen dans le contexte en cause ne peut s’analyser en une simple opinion sur un positionnement idéologique d’un personnage politique public».
«C’est le triomphe du droit sur les tentatives d’intoxication qu’a pu faire Jacques Séguéla, qui avait cherché à invoquer une sorte d’excuse de provocation», a réagi l’avocat de Jean-Marie Le Pen, Frédéric Joachim. «La cour a considéré que le mot était trop fort. Je le regrette, car je considère que la provocation de Jean-Marie Le Pen est vraiment trop importante», a réagi le défenseur de Jacques Séguéla, Claude Vaillant. Président du FN de 1972 à 2011, Jean-Marie Le Pen a déjà été condamné pour des déclarations de natures diverses, notamment pour avoir qualifié les chambres à gaz de «détail» de la Seconde Guerre mondiale ou affirmé que l’Occupation n’aurait pas été «particulièrement inhumaine».