Exercices militaires “sans precedent” des forces d’Arménie et du Karabagh

Si la fête de l’Indépendance, célébrée le 21 septembre en Arménie, revêt un caractère moins martial depuis l’arrivée au pouvoir de Nikol Pachinian, les forces armées d’Arménie feront néanmoins une demonstration de force, aux côtés de celles du Haut Karabagh, dans cette période marquant le 28ème anniversaire de la République arménienne.

Le premier ministre d’Arménie a indiqué jeudi 19 septembre que des exercices militaires “sans précédent” associant d’importants effectifs militaires – soldats de métiers et conscrits- d’Arménie et du Haut-Karabagh seraient organisés la semaine prochaine. Le gouvernement arménien a inscrit à son ordre du jour les derniers préparatifs en vue de l’organisation des “exercices stratégiques” de 12 jours et a approuvé le plan du ministère de la défense visant à assurer la coordinations des autres ministères et agences du gouvernement impliqués dans ces grandes manœuvres militaires. L’accent a été mis sur leur contribution à ces exercices, en particulier pour le rappel sous les drapeaux de nombreux reservistes et la livraison à cet effet de véhicules de transport de troupes. Le gouvernement n’a toutefois pas préciser le nombre de soldats et réservistes impliqués dans ces exercices militaires qui se tiendront du 24 septembre au 5 octobre. Le ministère arménien de la défense n’avait pas donné advantage de détails quand il avait officiellement annoncé l’organisation de ces exercices le 9 septembre dernier.

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De son côté, le cabinet du president du Haut Karabagh Bako Sahakian, avait lui aussi annoncé le mercredi 18 septembre que des “exercices stratégiques” se dérouleraient aussi au Karabagh. B.Sahakian a tenu une reunion avec de hauts responsables du Karabagh pour discuter des derniers préparatifs de ces exercices. “Conformément aux ordres donnés par le ministère de la défense, des processus de mobilization seront à l’œuvre et j’appelle nos concitoyens à participer activement à ces processus car il s’agit d’un événement très important qui a vocation à renforcer la sécurité de notre pays et à tester et à accroître la combativité de nos forces armées”, a déclaré N. Pachinian lors de la reunion hebdomadaire du conseil des ministres à Erevan en insistant : “Il s’agit d’un événement planifié, sans precedent et très important”. Le ministre de la defense d’Arménie Davit Tonoyan, dont l’implication dans ces exercices suffisait à dissiper les rumeurs sur sa demission, qui avaient parcouru les media de la capitale arménienne après les limogeages du chef du Service de sécurité nationale Arthur Vanetsian et du chef de la police Valeri Ossipian, les 16 et 18 septembre, a assure à N.Pachinian que ces manœuvres seraient d’une ampleur sans precedent dans l’histoire de l’Arménie. D.Tonoyan a précisé qu’un grand nombre de soldats de réserve de l’armée seraient mobilisés à cette occasion. La grande majorité d’entre eux seraient appelés pour une journée, les autres étaient détachés pour une durée de cinq jours dans différentes bases militaires du pays. “Toutes les questions relatives au transport ou à l’approvisionnement en vivres ont été réglées”, a ajouté le ministre.

Ces exercices militaires vont se dérouler sur fond de tensions accrues avec l’Azerbaïdjan, dont un haut responsable venait de declarer que les forces armées azéries étaient prêtes à reprendre la guerre autour du Haut Karabagh et qu’elles étaient impatientes d’en découdre avec les Arméniens sur le champ de bataille. Ces menaces, auxquelles le ministre arménien de la defense a répondu laconiquement en faisant savoir que les forces arméniennes étaient prêtes à les affronter sur le terrain, se sont intensifiées depuis que N.Pachinian a déclaré, en ouverture des Jeux pan-arméniens à Stepanakert début août, que “l’Artsakh, c’est l’Arménie !”. Ces exercices militaires communs associant les forces de l’Arménie et de l’ Artsakh ne font que confirmer cette assertion, qui a suscité une levée de boucliers à Bakou, compromettant du même coup les progrès exaltés par le premier ministre d’Arménie dans le processus de dialogue arméno-azéri. Mais les forces armées azéries n’ont pas attendu ces propos de N.Pachinian pour mobiliser leurs troupes et ont effectué plusieurs exercices militaires de grande ampleur depuis le début de l’année.

Le dernier d’entre eux, qui commençait lundi 16 septembre et devait se conclure le vendredi 20 septembre, impliquait quelque 10 000 soldats selon les chiffres communiqués par le ministère de la defense d’Azerbaïdjan. Côté arménien, l’organisation de tels exercices a une portée politique autant que stratégique ; elle tend à montrer que les liens de solidarité entre l’Arménie et l’Artsakh sont solides, en dépit des différends qui ont mené Erevan et Stepanakert au bord d’une crise ouverte au début de l’été, et que le gouvernement d’Arménie reste opérationnel et garde le contrôle, en dépit des doutes soulevés par la demission quasi simultanée de deux représentants majeurs des pouvoirs régaliens du pays.

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