Un attentat raté près de Notre-Dame, une traque de cinq jours et un policier de la DGSI attaqué au couteau: le procès de cinq femmes, djihadistes présumées, s’ouvre lundi matin devant la cour d’assises spéciale de Paris.
Ces cinq femmes, aujourd’hui âgées de 22 à 42 ans, prendront place dans le box trois ans après leur interpellation, en septembre 2016. Quatre encourent la perpétuité et la cinquième, 30 ans de réclusion criminelle. Une sixième femme, qui comparaît libre, est jugée pour non dénonciation de crime terroriste, un délit puni de cinq ans d’emprisonnement.
Pour Jean-Charles Brisard, spécialiste du terrorisme, cette affaire « est un basculement : c’est à partir de ce moment-là qu’on prend conscience du rôle des femmes » au sein de la nébuleuse djihadiste en France.
Le grand absent de ce procès est leur inspirateur, Rachid Kassim, qui est jugé par défaut: ce propagandiste du groupe Etat islamique est probablement mort en Irak. Il avait déjà inspiré l’assassinat d’un policier et de sa femme à Magnanville (Yvelines) en juin de cette année-là, puis, en juillet, celui d’un prêtre à Saint-Etienne-du-Rouvray, en Normandie.
Le 4 septembre 2016, tôt le matin, des policiers découvrent six bonbonnes de gaz dans une voiture arrêtée au milieu d’une rue devant des restaurants près de Notre-Dame. Gazole et restes de cigarettes sont également retrouvés. Les enquêteurs remontent rapidement, notamment grâce aux empreintes digitales, à deux femmes, Inès Madani et Ornella Gilligmann.
Toutes deux étaient déjà connues des services de renseignement pour avoir tenté de se rendre en Syrie.
Selon les magistrats instructeurs, « seul un mauvais choix de carburant (…) a fait échec à leur tentative » dont le mode opératoire « augurait d’un carnage ».
Le 6 septembre, Ornella Gilligmann est arrêtée sur une aire d’autoroute dans le sud de la France, alors qu’elle cherche à fuir avec son mari et leurs trois enfants. Inès Madani, suivant les conseils de Rachid Kassim, se rend à Boussy-Saint-Antoine, dans l’Essonne, chez une autre femme, Amel Sakaou.
Une troisième jeune femme, Sarah Hervouët, les rejoint, elle aussi guidée par le djihadiste sur des messageries cryptées.