La rencontre historique entre Donald Trump et Hassan Rohani aura-t-elle lieu ? Si la dernière attaque contre l’Arabie saoudite a sérieusement changé la donne, le président français Emmanuel Macron veut encore croire que « quelque chose se passera » cette semaine à New York.
Tous les regards sont tournés depuis lundi vers les présidents américain et iranien, qui doivent participer à la 74e Assemblée générale des Nations Unies.
Depuis le sommet du G7 à Biarritz en France fin août, le locataire de la Maison Blanche rêve à haute voix d’un tête-à-tête avec son homologue iranien qui lui offrirait un beau coup diplomatique, à un an de la présidentielle aux Etats-Unis.
Mais les attaques du 14 septembre, attribuées à Téhéran par Washington, contre deux installations pétrolières saoudiennes ont provoqué un vif regain de tension et fait craindre une nouvelle escalade militaire dans la région.
Est-ce que ces frappes ont « augmenté les chances d’une rencontre » entre Donald Trump et Hassan Rohan? « Non. Il faut être lucide. On voit bien que les choses sont en train de se tendre », a concédé Emmanuel Macron, en première ligne sur le dossier iranien, dans l’avion qui l’emmenait dimanche à New York.
Dans un tel contexte, le « sujet numéro un » n’est plus une poignée de mains entre les deux dirigeants ennemis mais la sauvegarde du processus de « désescalade » engagé ces dernières semaines, a même esquissé son chef de la diplomatie, Jean-Yves Le Drian.
Mais la riposte américaine, en retenue — un durcissement des sanctions contre Téhéran et un déploiement « modéré » de renforts militaires dans le Golfe — suggère que la porte n’est pas totalement fermée.
Tout comme l’insistance du secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo, pourtant réputé être un « faucon » face à l’Iran, sur la nécessité d’une « solution pacifique ».
Signe de bonne volonté également du côté iranien? Le tanker battant pavillon britannique arraisonné en juillet par l’Iran dans le détroit d’Ormuz a été opportunément relâché au moment où les dirigeants du monde se réunissaient à New York.
En coulisses, la diplomatie semble donc plus que jamais à l’oeuvre.
« Branche d’olivier sur la table «
Jean-Yves Le Drian a rencontré dimanche soir son homologue iranien Mohammad Zavad Zarif tandis qu’Emmanuel Macron doit se concerter lundi après-midi avec la chancelière allemande Angela Merkel et le Premier ministre britannique Boris Johnson: les trois pays européens signataires de l’accord de 2015 sur le nucléaire iranien tentent toujours de sauver ce texte dont Donald Trump a retiré les Etats-Unis avec fracas.
Surtout, les agendas des principaux intéressés restaient étonnamment mouvants.
Emmanuel Macron devrait rencontrer lundi et/ou mardi Donald Trump et Hassan Rohani, séparément, mais ces rendez-vous qui seront scrutés avec attention n’ont pas encore été calés ni confirmés officiellement.
« Les Iraniens sont sur le chemin d’une montée en tension qui est une erreur stratégique », « pour eux-mêmes, comme pour la région et la sécurité collective », a reconnu le président français. Mais « quelque chose peut se passer » à New York, a-t-il assuré.
« Les Iraniens sont flexibles sur les paramètres mais inflexibles sur le rendez-vous qui, à leurs yeux, ne doit venir qu’à la fin du processus alors que l’objectif des Américains est d’avoir ce rendez-vous à court terme », a-t-il expliqué.
« Trump, s’il est convaincu, est capable de changer très vite les choses. Il décide vite, et seul » et « a des logiques très transactionnelles », a ajouté Emmanuel Macron.
Le président américain n’a pour sa part pas fait monter les enchères avant la grand-messe de l’ONU. « Rien n’est jamais totalement exclu mais je n’ai pas l’intention de rencontrer l’Iran », a-t-il même déclaré dimanche, semblant écarter la perspective d’une poignée de mains avec son homologue iranien.
Un haut responsable américain a aussi assuré qu’aucune rencontre n’était prévue à ce stade entre les deux délégations, y compris à un niveau inférieur.
Mais une journaliste de CNN a affirmé que le ministre iranien des Affaires étrangères lui avait déclaré, en interview, que M. Rohani était prêt à rencontrer son homologue américain à New York, « à condition » que ce dernier « soit prêt à faire le nécessaire » en abandonnant les sanctions, en échange « d’une surveillance permanente des facilités nucléaires iraniennes ».
« La branche d’olivier a toujours été sur la table, mais nous la tendons de nouveau », a-t-il affirmé, toujours selon le tweet de Christiane Amanpour.