Selon une analyse publiée le 25 septembre dans la revue The Lancet Digital Health, l’intelligence artificielle (IA) peut détecter des maladies à partir de l’imagerie médicale avec la même pertinence que les personnes qui travaillent dans le domaine de la santé.
L’intelligence artificielle a fait d’énormes progrès dans l’interprétation de l’imagerie médicale. Selon une étude réalisée par Alastair Denniston, de l’Université de Birmingham, et son équipe, l’IA est désormais capable de réaliser un diagnostic médical avec autant, voire même plus de précision qu’un humain. Cette recherche fait suite à des promesses de financement à hauteur de 250 millions de livres sterling (282 millions d’euros) pour un nouveau laboratoire de l’IA dans le système de santé britannique (NHS).
L’efficacité de l’IA dans les diagnostics médicaux reste incertaine
«Il s’agit d’une étude passionnante. Nous avons passé en revue les 20.500 articles publiés dans ce domaine provenant de différents groupes du monde entier qui tentaient d’évaluer ou de développer des solutions d’IA aux problèmes de santé, notamment pour le diagnostic», apprend Alastair Denniston, professeur à l’Université de Birmingham, qui a dirigé cette recherche sur l’IA et la médecine.
Il s’agissait notamment d’essayer de regarder au-delà du «battage médiatique» et de voir à quel point les solutions de l’IA étaient réellement efficaces.
«Nous avons pu constater dans les meilleures études, celles auxquelles on pourrait faire confiance, que l’intelligence artificielle correspondait aux performances humaines en termes de diagnostic, par exemple, des maladies pulmonaires ou de détection des cancers», poursuit l’universitaire.
Et d’ajouter que sur plus de 20.000 publications passées en revue, seulement 14 ont été conçues avec une méthodologie suffisamment solide et correspondaient au type de critères requis.
La prudence est de mise!
«La bonne nouvelle est que la technologie peut faire des choses incroyables, mais nous tenons à vous avertir qu’il y a beaucoup de battage publicitaire autour de cela. Il existe de nombreuses études mal conçues et avant que les résultats ne soient appliqués, on doit faire preuve de prudence, les examiner en détail et vérifier s’ils font vraiment ce qu’ils prétendent faire», détaille M.Denniston.
Selon lui, cette nouvelle technologie doit aller de pair avec une expertise humaine en médecine.
«Ce que je veux, ce sont des outils qui vont m’aider à diagnostiquer plus rapidement les problèmes de santé et à guider les patients vers le bon traitement. […] Ce sont des moyens pour accélérer le processus sans remplacer pour autant les professionnels de la santé», souligne le chercheur.
Aider les médecins, pas les remplacer
Et de préciser qu’il s’agit là d’outils qui peuvent aider le médecin de la même manière qu’un nouveau scanner, une nouvelle IRM ou un autre outil servant à obtenir un résultat plus rapidement.
«Il s’agit d’un moyen vraiment excitant et innovant pour aider les médecins à mieux faire leur travail. Néanmoins, si j’étais un patient, je voudrais qu’un humain m’explique mon diagnostic et me guide dans les choix de traitement. […] L’intelligence artificielle pourra améliorer les soins de santé, mais ne remplacera pas l’être humain», résume Alastair Denniston.
Les experts s’accordent à dire que l’intelligence artificielle (IA), appliquée à un diagnostic à partir d’images médicales, devrait porter ses fruits, mais les études à ce sujet restent trop limitées pour en tirer des conclusions trop hâtives. Il reste, d’après eux, de nombreuses zones d’ombre quant à la performance de l’IA dans le domaine médical.