Après six mois de prison, le premier Algérien à avoir brandi une pancarte contre le 5e mandat de Bouteflika a accordé un entretien à Brut FR au cours duquel il revient sur son emprisonnement, la situation actuelle du pays et la prochaine élection présidentielle.
La liberté retrouvée, Hadj Ghermoul s’est exprimé lors d’un entretien filmé pour le site d’information français Brut FR. Premier Algérien a avoir brandi une pancarte en protestation à un 5e mandat du Président déchu Abdelaziz Bouteflika, acte pour lequel il a été emprisonné pendant six mois, M.Ghermoul, 37 ans, raconte son emprisonnement, ses espoirs et ses craintes.
"À l'époque de Bouteflika, il y avait la peur. Aujourd'hui, il y a la terreur."
Il était le premier en Algérie à brandir une pancarte contre le 5e mandat d'Abdelaziz Bouteflika. Pour ce geste, il a passé 6 mois en prison. Aujourd'hui libre, Hadj Ghermoul raconte. pic.twitter.com/y0pGGm6xsb
— Brut FR (@brutofficiel) September 30, 2019
«Je suis chômeur, mes problèmes sociaux je les voyais comme un problème politique», confie-il, précisant que, comme lui, tous les membres du Comité national de défense des droit des chômeurs (CNDDC), dont il est également membre, étaient convaincu de la même idée.
Ainsi, il a décidé d’écrire et de publier sa pancarte «non au 5e mandat», indiquant que «deux jours après sa publication sur les réseaux sociaux, il a été accusé et emprisonné».
En prison, Hadj Ghermoul affirme que «nous n’avions pas accès aux informations». «Nous étions informés grâce aux familles des détenus qui venaient rendre visite à leurs proches», ajoute-il, précisant que c’est ainsi «que nous avons su que le peuple était sorti dans la rue pacifiquement».C’était une grande source de joie, souligne-t-il, soutenant que l’idée d’une révolution populaire pour changer le système politique en Algérie avait gagné beaucoup de détenus.
Le jour de sa sortie de prison, M.Gharmoul a été surpris par l’élan de solidarité que les Algériens ont eu à son égard durant les six mois de son incarcération, notamment par le fait que beaucoup de gens le considéraient «comme un héros».
«Je ne suis pas un héros», insiste-t-il, affirmant que «ce que j’ai fait, n’importe le qui aurait pu le faire». «Le héros, c’est le peuple algérien, c’est lui qui chassé Bouteflika du pouvoir en sortant chaque vendredi».
Abordant la question des élections présidentielles, Hadj Gharmoul a déclaré que «ce scrutin nous le refusons, car nous ne faisons pas confiance à ce pouvoir», déplorant l’arrestation de plusieurs manifestants et de personnalité politiques.
Militant de la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme (LADDH) et membre du Comité national de défense des droit des chômeurs (CNDDC), Hadj Ghermoul a été condamné à six mois de prison ferme pour «outrage à corps constitué».