Le 1er octobre 2019, Emmanuel Macron, président de la République française, a tenu un discours devant l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe afin de « rendu hommage aux « 70 ans de luttes et de conquêtes qui sont le trésor du Conseil de l’Europe ».
Le texte du discours du président français est rendu publique sur le site de l’organisation.
« Le Conseil de l’Europe a fait progresser le respect des droits fondamentaux, la démocratie et l’Etat de droit en Europe. Il a permis l’éradication presque totale de la peine de mort sur le continent européen, fait reculer la torture, permis l’adoption de textes sur la protection des enfants, sur la prévention des violences faites aux femmes. Il a donné naissance à la Convention européenne des droits de l’homme, imposant qu’une juridiction soit chargée d’en assurer le respect par les Etats avec force obligatoire de ses arrêts. Il a fait progresser les droits sociaux, garantis par la Charte sociale européenne et rendu notre continent plus démocratique par l’observation des élections, la lutte contre la corruption, la défense de la liberté d’expression », a dit le Président Macron.
« Nous avons forgé une architecture commune au nom de la grande fraternité européenne, avec la volonté de bâtir la ‘maison commune européenne’ », a-t-il déclaré, soulignant la nécessité de veiller à reconstruire l’unité de notre continent sur le socle de nos valeurs communes, face à la remise en cause des droits fondamentaux et « les temps de fissure » que nous vivions. « Je crois profondément que c’est au Conseil de l’Europe que les fractures de notre continent peuvent être réparées parce que c’est le lieu où la conscience européenne se construit et se débat », a-t-il ajouté.
Evoquant les débats récents sur la place de la Russie au Conseil de l’Europe, il a souligné que, sans le travail conjoint des présidences françaises et finlandaises, sans l’engagement des Etats membres et de l’Assemblée, pour avancer ensemble vers un retour à la normale du fonctionnement du Conseil de l’Europe, la crise n’aurait pu être surmontée et aurait eu des conséquences néfastes sur les peuples et la protection de leurs droits. « Cette décision n’affaiblit en rien notre détermination commune et ne signifie en rien l’existence de plusieurs standards au sein du Conseil de l’Europe », a-t-il précisé, en évoquant la nouvelle procédure conjointe que l’Assemblée et le Comité des ministres ont décidé d’initier. « Je souhaite que cette procédure soit opérationnelle en janvier prochain ; nous devons avoir des outils crédibles et renforcés pour faire appliquer les décisions du Conseil de l’Europe et nous assurer que chacun des Etats membres respecte pleinement les engagements et les devoirs qui sont les siens », a-t-il déclaré.
Toutefois, « les principes et les valeurs qui nous réunissent ne sont pas seulement menacés par nos divisions, mais mis au défi par les grandes transformations que nous vivons », estime le Président Macron, citant « un affaiblissement sans précédent du système multilatéral » et de nouveaux phénomènes – radicaux, comme le terrorisme, profondément nouveaux comme le fait migratoire, inédits technologiquement comme les réseaux sociaux ou l’internet – qui interviennent dans nos sociétés avec les droits existants. « Ce cadre nouveau nous impose de repenser notre organisation, sans céder à la facilité. Nous avons un travail politique à conduire qui est l’accomplissement dans l’espace public de la pensée éthique », a déclaré le président français.
Selon lui, la tâche collective au sein du Conseil de l’Europe, est de donner un ancrage, une réalité factuelle, à la construction des droits et des libertés, tout en affrontant les défis suivants : protéger les citoyens contre le terrorisme, en préservant leurs droits et leurs libertés individuelles, défendre la liberté d’expression face à la prolifération des discours de haine, répondre à la violence dans nos sociétés en rendant nos démocraties plus fortes, protéger le droit d’asile en répondant à l’exigence légitime de maîtrise des flux migratoires, bâtir des droits nouveaux à l’ère du numérique et de l’intelligence artificielle.
« Notre force face aux transformations du monde réside non pas dans l’affaiblissement mais dans la défense de nos droits et libertés », a-t-il souligné.
« L’Europe se fait dans ses divisions, dans ses traumatismes, mais on oublie trop souvent que la controverse est essentielle, elle est profondément démocratique. La controverse incessante n’est pas un affaiblissement, au contraire, elle est un luxe de la démocratie et de l’Etat de droit », a conclu le Président Macron, mentionnant l’importance de la mise en place d’un Observatoire de l’enseignement de l’histoire en Europe.