C’est avec consternation que j’ai observé le manque de relais dans la presse française sur cette rencontre majeure du 18 septembre dernier, entre le numéro 2 chinois, Li Keqiang et Vladimir Poutine à Moscou. Li Keqiang est le second homme fort de la Chine, en charge de l’économie.
Cette rencontre fut probablement soigneusement orchestrée entre la Chine et la Russie, en réplique aux récentes déclarations d’ouverture avec la Russie du Président Macron à Brégançon et au G7 et du Président Trump, qui aimerait voir la Russie réintégrer le G7.
Il faut retenir deux propos principaux du Président russe, assis en face de Li Keqiang, que je traduis de l’anglais, adressés à l’Occident et dont on peut prendre connaissance sur le site du Président de la Russie.
« Je voudrais faire remarquer qu’un long chemin a été parcouru dans l’histoire de la coopération bilatérale au cours des dernières décennies. – ici, Vladimir Poutine souligne la relation bilatérale sino-russe – Aujourd’hui, nous sommes vraiment des partenaires stratégiques au plein sens du terme et nous mettons en place un partenariat global qui reste la priorité inconditionnelle de la politique étrangère de la Russie. » Et le maître du Kremlin de continuer :
« Je suis convaincu que vous pouvez voir nos efforts, ceux de la Russie visant à développer les liens russo-chinois dans tous les domaines. – Ici, Vladimir Poutine désigne, l’économie, les affaires étrangères, le renseignement, la défense …- Il n’est probablement pas nécessaire de revenir sur cela maintenant. La seule chose que je voudrais dire, c’est que notre interaction est, bien entendu, le facteur le plus important de l’expansion de nos économies et de la réalisation des objectifs de nos États pour améliorer le niveau de vie de nos peuples. »
Ces propos sont une réponse claire aux récentes tentatives de détente des présidents Macron et Trump qui s’inquiètent l’un et l’autre, très tardivement, de ce rapprochement entre la Russie et de la Chine, entamé il y a bien longtemps déjà.
James Baker, sous l’administration de Bush Père, promettait à trois reprises : « La juridiction militaire de l’OTAN ne s’étendra pas d’un pouce vers l’Est. » C’est Bill Clinton qui rompit cette promesse. Et nouvelle déception des Russes, quand Georges W. Bush déchira le traité antibalistique.
En 2015, face au réalisateur américain, Oliver Stone, Vladimir Poutine revient sur cet épisode majeur des relations internationales : « Rien n’avait été couché sur papier. Ce fut une erreur de Gorbatchev. En politique, tout doit être écrit, même si une garantie sur papier est aussi souvent violée. Gorbatchev a seulement discuté avec eux et a considéré que cette parole était suffisante. Mais les choses ne se passent pas comme cela. »