« Non à une Histoire officielle », dictée par le Parlement européen

La résolution assimilant les régimes communiste et nazi, votée par une grande une majorité des députés européens, interpelle. Les historiens doivent pouvoir poursuivre leurs recherches à l’abri de toute intimidation politique. Par un collectif d’académiques, d’intellectuels et d’artistes.

Le 19 septembre dernier, le Parlement européen a voté à une large majorité -de l’extrême-droite au centre-gauche et aux Verts- une résolution dont se dégagent trois idées-forces :

1. La deuxième guerre mondiale a eu pour déclencheur le Pacte germano-soviétique, autrement dit les responsabilités sont partagées entre Hitler et Staline.
2. Leurs régimes totalitaires, communiste et nazi, doivent être également assimilés et condamnés.
3. Les symboles “totalitaires” persistent en Europe, mais heureusement plusieurs pays ont interdit les partis et les symboles communistes.

Une guerre d’agression et d’anéantissement a été déclenchée le 1er septembre 1939 contre la Pologne par l’Allemagne hitlérienne, qui venait de s’emparer de l’Autriche, de la Tchécoslovaquie, et avait assuré, en compagnie de l’armée fasciste italienne, la victoire de la dictature de Franco en Espagne.
Le Pacte germano-soviétique “de non agression” a été signé le 23 août 1939, après l’échec des essais soviétiques, tout au long des années trente, de nouer avec l’Angleterre et la France, une alliance tripartite contre Hitler, le dit “pacte de sécurité collective”. Mais les dirigeants britanniques et français de l’époque ont préféré “l’apaisement” avec Hitler et Mussolini, soit les “Accords de Munich” de 1938 qui ont ouvert la voie au démantèlement de la Tchécoslovaquie, au sauvetage de laquelle l’URSS avait proposé une action commune.
C’est dans ce contexte –”oublié” par la résolution européenne- que la diplomatie soviétique fut réorientée et “purgée” par Staline. Le Pacte lui offrait la possibilité de retarder un affrontement auquel l’URSS n’était pas prête.
Le régime stalinien fut imposé par la violence dans les territoires “récupérés” en Pologne et dans les états baltes par l’URSS. Tandis que les nazis entamaient la “ghettoisation” et l’extermination des Juifs, prélude au génocide qu’ils ont poursuivi à grande échelle en URSS.

Mais les députés européens croient-ils qu’un agresseur génocidaire, fondé sur le racisme biologique et l’antisémitisme éradicateur soit équivalent à l’URSS et aux régimes et partis se réclamant du communisme ?

Libres à eux de relativiser ainsi le nazisme, voire, pour certains, de réhabiliter les “héros” de la collaboration, en leurs nouveaux habits de “résistants aux régimes totalitaires”.

Ce qui n’est pas acceptable, c’est qu’ils en fassent une “Histoire” officielle, assortie de menaces pour ceux qui n’avaliseraient pas leur révisionnisme, qu’il s’agisse d’états (comme la Russie) ou de formations politiques qualifiées de “communistes”.

Les historiens doivent pouvoir poursuivre leurs recherches à l’abri de toute intimidation politique.

En citant en exemple des régimes de l’Est qui interdisent des partis de gauche, dont certains réhabilitent leurs anciennes “gloires” fascistes et collaborationnistes, on devine ce que risque d’annoncer cette résolution du Parlement européen : un révisionnisme agressif et la restriction des libertés publiques.

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