« Evidemment nous prévoirons des mesures de rétorsion » contre les Etats-Unis, en concertation avec l’Union européenne, si Washington applique courant octobre les sanctions contre des produits européens annoncées mercredi, a indiqué jeudi la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye.
« C’est au niveau de l’Union européenne que nous devons regarder cela », a-t-elle souligné sur BFMTV et RMC, au lendemain de l’annonce par les États-Unis de droits de douanes punitifs à venir sur ces produits.
« Je regrette que nous soyons engagés dans cette guerre commerciale avec les Etats-Unis car, quand on se fait la guerre, on a assez peu de chances de voir la croissance collective augmenter », a-t-elle ajouté en estimant que dans une telle situation « au final ça n’apporte rien à personne ».
Interrogée sur ce que pourraient être les mesures de rétorsion, elle a remarqué qu' »à ce stade on est dans une menace des Américains » et « pas dans la réalisation » de ces menaces, et a refusé de s’avancer sur la forme qu’elles pourraient prendre.
« Nous avons toujours dit aux Etats-Unis, depuis plusieurs mois, que nous considérions qu’il vaut mieux trouver des solutions amiables plutôt que s’engager dans des conflits commerciaux », a insisté Mme Ndiaye.
Elle a plaidé pour « discuter avant d’en arriver là », en estimant qu' »en 10 jours on peut faire beaucoup de choses ».
Mais, « s’ils ne sont pas dans une attitude d’apaisement, l’Europe ne se laissera pas faire », a-t-elle mis en garde.
Les Etats-Unis ont annoncé mercredi qu’ils allaient frapper 7,5 milliards de dollars de produits européens de tarifs douaniers punitifs, quelques heures seulement après avoir remporté une « grande victoire » à l’OMC dans l’interminable affaire des subventions à Airbus.
Ces taxes douanières seront imposées à partir du 18 octobre: 10 % sur les avions importés de l’Union européenne et 25 % sur d’autres produits, dont le vin, le fromage, le café et les olives, selon une liste publiée par les services du représentant américain au Commerce (USTR).
La majeure partie des sanctions sera appliquée aux importations en provenance de la France, de l’Allemagne, de l’Espagne et du Royaume-Uni, « les quatre pays à l’origine des subventions illégales » accordées à l’avionneur européen, a précisé l’USTR.
Le représentant américain au Commerce Robert Lighthizer a noté que Washington espérait « entamer des négociations avec l’Union européenne afin de résoudre ce conflit au bénéfice des travailleurs américains ».
Le ministre français de l’Economie Bruno Le Maire a jugé mercredi que les Etats-Unis feraient « une erreur économique et politique » s’ils décidaient d’imposer ces sanctions tarifaires. Soulignant la volonté des Européens de « faire redescendre les tensions », il a également affirmé qu’ils étaient prêts à « répondre de façon ferme » aux sanctions.