Des milliers de personnes se sont rassemblées vendredi à Hongkong contre un projet d’invoquer une loi d’urgence pour interdire le port du masque lors des manifestations, dans le but d’en finir avec une contestation qui dure depuis quatre mois dans l’ex-colonie britannique.
Ces Hongkongais, pour la plupart des employés, ont profité de leur pause de midi pour descendre dans les rues et contester ce recours à un texte datant de l’époque coloniale qui n’avait plus été appliqué depuis 1967 et qui risque, selon ses détracteurs, de faire basculer la région semi-autonome chinoise vers l’autoritarisme.
La ville vit sa crise politique la plus grave depuis sa rétrocession à la Chine en 1997, avec des actions quasi quotidiennes pour dénoncer le recul des libertés et les ingérences grandissantes de Pékin dans les affaires hongkongaises, ou demander des réformes démocratiques. Ni le gouvernement central chinois ni l’exécutif hongkongais, aligné sur Pékin, ne sont parvenus à calmer la contestation, qui donne lieu à des affrontements de plus en pus violents entre radicaux et forces de l’ordre.
Pour ne pas être identifiés et éviter de futures poursuites judiciaires, les manifestants portent pour la plupart des masques, et souvent des casques, des lunettes de protection et des masques à gaz afin de se protéger des gaz lacrymogènes et des projectiles tirés par la police. Plusieurs médias ont rapporté que la cheffe de l’exécutif hongkongais Carrie Lam avait décidé d’utiliser des dispositions d’urgence (Emergency Ordinance Regulations) pour interdire le port du masque, et qu’elle avait réuni vendredi matin son cabinet pour en discuter.
«Les jeunes risquent leurs vies, cela leur est égal d’être emprisonnés pour dix ans, donc ce n’est pas le fait de porter un masque qui leur posera problème», a déclaré vendredi après-midi à l’AFP un employé de 34 ans le visage couvert par un masque chirurgical.
Mardi dernier a été la journée la plus violente à Hongkong depuis le début de la mobilisation en juin. Alors que la Chine célébrait le 70ème anniversaire de la fondation de son régime, l’ex-colonie britannique a été le théâtre d’affrontements dans de nombreux quartiers qui ont considérablement éprouvé les capacités de maintien de l’ordre de la police. Un policier a pour la première fois tiré à balle réelle à bout portant sur un manifestant, qui a été gravement blessé.