Le premier ministre Édouard Philippe a demandé à l’inspection des services de renseignement (ISR) de passer au crible d’éventuels signes de radicalisation dans les services de renseignement associés à la lutte antiterroriste.
Sur un air de «plus jamais ça». Dans un grand entretien au JDD, le premier ministre Édouard Philippe a annoncé dimanche 6 octobre sa riposte, trois jours après l’attaque sanglante commise jeudi 3 octobre par Mickaël Harpon un employé radicalisé de la direction du renseignement de la préfecture de police, et qui a causé la mort de quatre policiers. Avec pour objectif premier: s’assurer qu’aucun autre fonctionnaire impliqué dans la lutte contre le terrorisme ne soit laissé à son poste s’il présente des signes de radicalisation.
«Le risque zéro n’existe pas, c’est vrai ; mais c’est notre responsabilité de ne jamais accepter d’éventuels défauts et de toujours resserrer les mailles du filet», a déclaré Édouard Philippe au journal dominical. «Pour tous les services de renseignement, la détection des menaces internes est une priorité absolue.» À cette fin, le chef du gouvernement a saisi l’inspection des services de renseignement et lui a confié deux missions.
La première, dont les résultats sont attendus pour la fin du mois, concerne spécifiquement la direction du renseignement de la préfecture de police, où travaillait l’auteur des faits. D’après le JDD, les enquêteurs mandatés par l’ISR vont «examiner les outils et les procédures en place pour détecter d’éventuels signes de radicalisation parmi les fonctionnaires», ainsi que leur mise en œuvre. La seconde, d’une durée d’un an, vise l’intégralité des services de renseignement associés à la lutte antiterroriste. L’objectif: s’assurer que tous les signalements de cas de radicalisation effectués par le passé ont bien été traités, et effectuer de nouveau contrôles «si nécessaire». «Le tamis va être très fin», prévient le premier ministre.
Créée par décret en juillet 2014, l’ISR est chargée de missions de contrôle, d’audit, d’étude, de conseil et d’évaluation à l’égard des services spécialisés de renseignement, ainsi que de l’académie du renseignement. La création de l’ISR répondait à l’époque à la volonté de «consolider le contrôle et l’évaluation sur la politique du renseignement et les services qui en ont la charge», de concert avec une amélioration du contrôle parlementaire.
Les missions confiées à l’ISR sont réalisées sur instruction du premier ministre, qui détermine, pour chaque mission de l’ISR, le mandat et la composition de l’équipe d’inspecteurs chargée de sa réalisation. Les enquêteurs qui composent cette task force extraordinaire sont désignés parmi les membres de diverses administrations habilités à connaître des informations et supports classifiés au niveau Très Secret-Défense, le plus haut niveau de confidentialité. Dans le cadre des missions qui leur sont confiées, les membres de l’ISR ont accès à tous lieux, éléments, informations et documents utiles à l’accomplissement de leur mandat.