Irak : réseaux sociaux toujours absents, malgré le retour au calme

Les Irakiens sont toujours privés de réseaux sociaux mercredi, malgré le retour d’une situation calme dans les rues du pays, déchiré durant une semaine par des manifestations et des violences qui ont fait une centaine de morts.

Depuis une semaine, l’accès à internet a été progressivement coupé. D’abord, certains réseaux sociaux, puis la connexion a totalement disparu, des téléphones, des écrans et même des applications VPN. Pour l’ONG spécialisée dans la cybersécurité Netblocks, «cette déconnexion quasi totale imposée par l’Etat dans la plupart des régions limite gravement la couverture médiatique et la transparence autour de la crise en cours».

Depuis mardi, la connexion est revenue à Bagdad et dans le sud du pays par saccades. Lors de ces courtes reconnexions, en passant par une application VPN, les réseaux sociaux étaient accessibles et des images de manifestants tués dans des cortèges ont commencé à affluer. Mercredi, la connexion reste toujours aléatoire et les fournisseurs assurent à leurs clients ne pouvoir donner d’information sur un calendrier pour un retour d’internet, les restrictions en cours, ou tout autre détail.

Les autorités irakiennes n’ont jusqu’ici pas commenté la déconnexion qui touche environ trois quarts du pays, selon NetBlocks. Le nord du pays, dont le Kurdistan autonome, n’est pas affecté. Lors d’un précédent mouvement social dans le sud du pays durant l’été 2018, internet ainsi que les communications téléphoniques avec l’étranger avaient déjà été coupés par les autorités. Là aussi, les réseaux sociaux avaient d’abord été rendus inaccessibles avant que la connexion ne soit totalement interrompue.

Depuis le 1er octobre, selon un bilan officiel, plus de 100 personnes ont été tuées, en grande majorité des manifestants, et plus de 6000 autres blessées. Le mouvement de contestation, inédit parce qu’il n’a été lancé par aucun mouvement ou figure politique ou religieuse, dénonce la corruption, le chômage et la déliquescence des services publics, dans un pays en pénurie chronique d’électricité et d’eau potable.

Ces défilés et les violences qui les ont ensanglantés ont créé une crise politique à laquelle le président irakien Barham Saleh a réagi en appelant au dialogue national et à «interdire l’ingérence de l’étranger».