La campagne électorale pour les législatives polonaises de dimanche, sans grand relief en raison de la victoire quasi certaine des conservateurs, a été émaillée de plusieurs « affaires », compromettantes tant pour le pouvoir que pour l’opposition. En voici certains exemples.
Hôtel de passe
Côté Droit et Justice (PiS), le parti conservateur au pouvoir depuis 2015, la chute potentiellement la plus spectaculaire est celle du chef de la Chambre suprême de contrôle (Cour des comptes), ancien ministre des Finances et ancien chef de l’administration fiscale, Marian Banas.
Une enquête journalistique a montré qu’il avait été jusqu’à tout récemment propriétaire d’un immeuble abritant un hôtel de passe, géré par un homme considéré comme un membre du milieu de Cracovie. Ce dernier versait à M. Banas un loyer étonnamment bas, ce qui a nourri des soupçons de manoeuvre au détriment du fisc.
Tout en déclarant qu’il allait poursuivre les journalistes d’investigation pour diffamation, M. Banas s’est mis en congé sans solde le 23 septembre, dans l’attente d’une enquête.
Haine sur la toile
Un mois plus tôt, un vice-ministre de la Justice, Lukasz Piebiak, a démissionné, accusé d’avoir orchestré une campagne de messages haineux sur les réseaux sociaux contre des juges opposés aux réformes judiciaires controversées en cours.
L’opération a été dénoncée par une jeune femme qui y avait joué un rôle central, mais a changé de camp et rendu publics des mails et des tweets révélateurs.
Atterrissage forcé
Début août, c’est le président de la Diète (chambre basse) Marek Kuchcinski qui a dû démissionner, obéissant, après quelque résistance, au président du PiS Jaroslaw Kaczynski.
L’opposition et une partie des médias avaient révélé que M. Kuchcinski, deuxième personnage de l’Etat, avait souvent utilisé des avions gouvernementaux en compagnie de sa famille ou d’amis personnels pour passer des week-ends dans sa région de Rzeszow, pourtant desservie par des lignes régulières. Il n’en reste pas moins tête de liste PiS dans sa région du sud-est.
Les affaires n’ont pas entamé le crédit du PiS auprès des électeurs et le parti de Jaroslaw Kaczynski, populaire grâce à ses généreux transferts sociaux, est pratiquement assuré de remporter les élections.
Langage suicidaire
Les politiciens au pouvoir n’ayant pas le monopole des affaires, les médias favorables aux conservateurs ont également largement étalé celles de leurs adversaires.
Ainsi, la télévision et la radio publiques ont fait connaître ces derniers jours des enregistrements de conversations de Slawomir Neumann, tête de liste de la Plateforme civique (PO, centriste) à Gdansk, avec des militants locaux, en 2017. Dans un langage ordurier, il y révèle son mépris tant pour le parti paysan PSL, à l’époque partenaire de la PO dans l’opposition, que pour les électeurs en général.
M. Neumann a rapidement démissionné de sa fonction de chef du groupe parlementaire PO, regrettant une conversation « privée » et « empreinte d’émotion ». Mais il a maintenu sa candidature aux législatives.
Du berger à la bergère
Un autre dirigeant de la PO, le député Krzysztof Brejza, chef de la campagne électorale de son parti, a été lui aussi accusé par ces mêmes médias publics d’avoir organisé à la mairie d’Inowroclaw, une ville moyenne dont le maire est son père, une « ferme de trolls » diffusant sur la toile de nombreux messages de haine visant ses adversaires politiques. Cette affaire relativement ancienne, liée à une enquête sur de fausses factures, a été relancée vigoureusement au moment précis où éclatait celle de la campagne contre les juges rebelles menée par un vice-ministre de la Justice. M. Brejza compte poursuivre en diffamation la chaîne publique TVP.