Renouvellement du parc automobile et du matériel informatique, sécurité, le budget de l’Élysée pourrait de nouveau augmenter en 2020. Une constante depuis l’emménagement d’Emmanuel Macron au Palais présidentiel. Retour sur les différentes hausses et affaires qui ont marqué le Château ces dernières années.
Du côté de l’Élysée on se défend en expliquant que cette hausse serait principalement due à un jeu d’écritures comptables. L’an prochain, les 1,7 million d’euros alloués à la sécurité du chef de l’État, jusqu’à présent imputés au budget du ministère de l’Intérieur, émargera à celui des comptes du Palais. «Nous l’avons juste déplacée pour plus de cohérence», assurent les services présidentiels à nos confrères du Parisien.
Un détail qui a son poids. En effet, les dépenses de sécurité de l’Élysée sont «en nette hausse depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron», soulignaient déjà l’an passé nos confrères de Marianne. À l’époque, dans son rapport annuel sur la tenue des comptes du palais présidentiel, la haute juridiction épinglait notamment le fait que les agents responsables de la sécurité du Château représentaient pas moins du tiers (32%) des effectifs totaux des services du Président.
L’année de l’élection d’Emmanuel Macron, le GSPR (Groupe de sécurité de la présidence de la République) reçut le renfort de quinze nouveaux agents. Notons qu’une rallonge de 2,4 millions d’euros fut votée dans le budget pour 2019 au titre des dépenses de personnel.
Une augmentation significative des effectifs du GSPR qui pesa sur les finances de l’Élysée en 2018. Pour sa première année pleine à l’Élysée, la Cour des comptes souligna des dépenses non budgétisées de 3,81 millions. Un coquet dépassement, alors même que le budget de la présidence pour cette année avait été augmenté de 3% au nom de la menace terroriste. 2018 vit également l’emménagement à l’Élysée de la «Task Force» antiterroriste.Un dépassement dû à des voyages plus coûteux –bien que moins nombreux– et à une masse salariale en augmentation, malgré une réduction des effectifs totaux ainsi que des heures supplémentaires. Résultat: 5,67 millions d’euros durent être prélevés sur la réserve pour permettre à l’Élysée d’assurer son équilibre budgétaire.
Autres raisons mises en avant pour justifier la future hausse budgétaire de 2020: la modernisation du matériel informatique du Palais (qui dure depuis plusieurs années), ainsi que celle du parc automobile de la présidence: le tout pour la rondelette somme de 600.000€. Le parc automobile, un poste de dépenses qui avait déjà augmenté de pas moins de 27% en 2018.
Les polémiques sur les dépenses de l’Élysée ne datent pas d’hier, symbole qu’incarne ce lieu de pouvoir oblige. En tout début de mandat, Le Point se procura 26.000 euros de factures de maquillage pour Emmanuel Macron et son épouse, l’année suivante c’est la facture de 500.000 euros pour la rénovation des 1.025 mètres carrés de la salle des fêtes et la rémunération et avantages en nature octroyés à Alexandre Benalla qui défrayèrent la chronique, sans oublier cet été les révélations du Canard sur le nombre d’agents du service de la correspondance présidentielle affectés au courrier de la femme du Président: 7 sur les 71 agents à plein temps de ce service de l’Élysée.
Déjà, en son temps, François Hollande avait souhaité marquer sa différence avec son prédécesseur en maintenant l’enveloppe annuelle de l’Élysée à 100 millions d’euros. Une «stabilité» dont se félicitait devant les députés Jean-Marie le Guen, Secrétaire d’État aux relations avec le Parlement, lors de l’adoption du budget du Château pour la dernière année de mandat du Président socialiste. 100 millions d’euros, un montant en baisse de 12% par rapport à 2011, soulignait alors le député socialiste René Dosière. Celui-ci affirmait devant l’Assemblée que «L’Élysée coûte désormais 3,5 euros par foyer et par an, soit l’équivalent de 4 baguettes de pain.» (coiffeur compris…).Plus qu’une source de polémiques, le budget des services de la présidence est un enjeu politique. Reste à savoir comment seront perçues ces hausses budgétaires par les Français, soumis à une pression fiscale plus importante que jamais, et alors que le gouvernement affiche sa volonté de réduire le train de vie de l’État.