Où situer Marie-Antoinette sur l’échiquier politique ? Entre la ravissante idiote flirtant avec le beau Fersen et la diabolique Autrichienne, il y a un juste milieu.
Voilà ce que nous rappelle Catriona Seth qui a exhumé des archives de Vienne sa correspondance*, pas toujours inédite, avec le ministre d’Autriche à Paris, le comte de Mercy-Argenteau. Manipulée par ce surveillant-chef, l’œil de sa mère l’impératrice Marie-Thérèse, elle résiste, soucieuse de la gloire de la France. La période de la Révolution est, bien sûr, la plus intéressante : « Jamais, on ne pourra croire ce qui s’est passé dans les dernières 24 heures. On aura beau dire, rien ne sera exagéré, tout sera au-dessous de ce que nous avons vu et éprouvé », écrit-elle à Mercy après avoir été ramenée de force à Paris en octobre 1789.
On y lit une reine plus active que son mari, qui se démène auprès des puissances étrangères pour qu’elles interviennent. Le 19 octobre 1791, c’est elle qui le presse : « cette lettre est chiffrée de la nouvelle manière ; si vous êtes embarrassé, consultez monsieur de Fersen. Il faut sauter une lettre. Je vous ai mandé mes idées sur un Congrès. Tous les jours, cette mesure devient plus pressante. » Des missives qui confirment l’image de sa bravoure dans la tempête : « Malgré tous ces dangers, nous ne changerons pas de résolution », affirme-t-elle dans sa dernière lettre datée de juillet 1792.